jeudi 12 octobre 2023

Otages du Hamas: L'attente insupportable des parents

 

Les rangées de bouteilles minérales, les cakes moelleux, les baigneurs de retour de la plage croisés dans l’ascenseur, les professionnels de l’hasbara (la propagande, en hébreu) à l’accent américain qui refilent leurs numéros de portable à qui en voudra : tout dans cette conférence de presse, au deuxième étage de l’hôtel Carlton de Tel-Aviv, semble si familier, si normal. Atrocement normal. Loin de l’horreur des kibboutz suppliciés du pourtour de Gaza et des champs transformés en charnier. Mais, derrière ce pupitre où sont apposées les photos de disparus franco-israéliens, il suffit d’un mot tremblant, d’une larme brûlante, d’un hoquet qui vaut tous les hurlements pour être plongé au cœur de l’horreur.
Il y a Doron Journo, solide gaillard au français chancelant et sa fille Meitav, à l’anglais rageur, précis comme un scalpel. Ils sont sans nouvelles de Karine, leur fille et sœur, depuis samedi 7 octobre au matin et ce message, à 8h42 : «La famille, si je ne rentre pas à la maison, je vous aime.» Suivra un appel de quelques secondes mêlant cris et détonations. Comme des centaines d’autres, Karine Journo n’aurait raté le festival Tribe of Nova pour rien au monde. «Elle avait le pied cassé, mais elle y tenait tellement qu’elle y est allée avec un plâtre, explique le père. C’est tout ce qu’elle a fait de mal, vouloir danser.» Est-elle morte ? Captive à Gaza ? L’un comme l’autre l’ignore. Ils s’accrochent à cette vidéo d’une poignée de secondes où ils sont persuadés de l’avoir reconnue, assise dans une ambulance aux côtés de deux autres disparues.

Le reportage complet de Guillaume Gendron est à lire dans l'app Libé, lien en story ce vendredi.

📷 William Keo / Magnum Photos pour Libération

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