mercredi 11 octobre 2023

Comment les écrivains vivent t-ils de leur plume

 

La vache enragée ? C’est à peine si Franck Courtès pourrait s’en offrir. Son régime est du genre « patates-sardines », comme il le raconte dans A pied d’œuvre (Gallimard, 192 pages, 18,50 euros), frappant récit de la dégringolade sociale qu’a entraînée pour l’ancien photographe son entrée en littérature. Au point qu’il a dû, à plus de 55 ans, louer ses bras à des particuliers pour 20 euros de l’après-midi.Son cas peut sembler extrême – sa vision élevée de son art, conforme à l’idéal romantique, l’empêche de le mettre au service de travaux alimentaires – et son texte ne prétend pas être un manifeste. Reste que, en pleine rentrée littéraire, il met crûment en lumière l’écart entre le capital symbolique associé à l’écriture et le capital tout court de ceux qui s’y ­consacrent, plongés dans une précarité grandissante : selon une étude menée en 2023 par la SCAM (Société civile des auteurs multimédia) et la SGDL (Société des gens de lettres), le baromètre des relations entre auteurs et éditeurs, 49 % des premiers disent vivre une dégradation de leur situation financière.

Le sujet tenaille particulièrement ceux qui ont fait le choix de se consacrer à la littérature, abandonnant ou refusant d’emblée la « double condition », celle des auteurs qui sont aussi, à mi-temps ou à plein temps, enseignant, journaliste, éditeur, scénariste ou tout autre chose. Ils sont ainsi 33 %, selon le même baromètre SCAM/SGDL, à ne pas exercer d’autre métier – et, faute d’être tous rentiers, comme on l’imagine, par simplification, pour les écrivains du XIXe siècle, à devoir ainsi combiner hautes ambitions artistiques et basses considérations matérielles.

Illustration : ANNE-GAELLE AMIOT

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