vendredi 13 octobre 2023

Hubert Reeves est mort

 

Avec sa silhouette de patriarche – crâne dégarni, barbe blanche, œil bleu pétillant –, son accent chantant du Québec, son verbe imagé et précis, il incarnait à la fois le grand-père capable de nous narrer des histoires merveilleuses à la veillée et le druide mélangeant dans son chaudron les ingrédients de l’Univers. Une pinte de Voie lactée, un extrait de Lune, quelques mystérieux grains de matière noire… Il nous avait expliqué que nous étions tous faits de poussières d’étoiles, car l’essentiel des éléments qui nous constituent, comme le carbone, l’oxygène et l’azote, proviennent directement des forges stellaires. Au terme de son passage sur Terre, l’astrophysicien Hubert Reeves est retourné à cette poussière cosmique le 13 octobre. Il avait 91 ans.

A le voir perpétuellement chenu, on en avait presque oublié qu’il avait été enfant. Pourtant, Hubert Reeves, né le 13 juillet 1932 à Montréal, remontait souvent le temps par l’esprit jusqu’à ses jeunes années. Il évoquait cette grande maison familiale en bois donnant sur le lac Saint-Louis, que son grand-père avait fait construire au début du XXe siècle et où il avait tant de souvenirs : des promenades en canoë, l’appel de sa mère qui lançait, à la nuit tombée, un « Avez-vous vu le ciel ? », la planche cartonnée appelée « cherche-étoiles » qui permettait au jeune Hubert d’identifier les astres, et enfin sa grand-mère maternelle qu’il faut absolument nommer ici, Charlotte Tourangeau, qui n’avait pas son pareil pour enjoliver les histoires de Perrault, les prolongeant voire les mélangeant au gré de son imagination, et à qui il devait ses talents de conteur.

📸 Hubert Reeves chez lui, à Paris, en 2016.

Photo @rudywaks 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour votre passage

La une de Libération du week-end

  Guerre en Ukraine : la stratégie du voisin fou. C'est la une de @Libe ce week-end. Tir de missiles balistiques, menace d’un conflit...