samedi 6 avril 2024

Samuel Pintel une dette de mémoire

 

Samuel Pintel a déplié une carte IGN, tracé au compas un cercle de 25 kilomètres de rayon autour de Chambéry, suivi les cours d’eau, repéré le relief, fouillé dans sa mémoire pour refaire le chemin parcouru quinze années plus tôt avec son copain Marcel. Les deux enfants de 6 ans avaient été installés dans une carriole, tirée par un homme à vélo, qui les avait menés jusqu’à une maison d’enfants dans un petit village. Ils venaient alors d’échapper, le 16 novembre 1943, à la rafle de l’hôtel des Marquisats, un centre d’assignation à résidence établi à Annecy. Comme les autres, Samuel était sur la liste, mais sa mère, Tauba, avait réussi, juste avant de se faire embarquer, à le faire passer pour le fils de la seule résidente non juive.
Cette jeune femme, qu’il n’a jamais identifiée, l’avait ensuite mené à Chambéry, au siège de l’Union générale des Israélites de France (Ugif). Là où le cycliste était venu le chercher. Là ,où il retourne à la fin de cet été 1958, se heurtant à des murs. Samuel Pintel, alors âgé de 21 ans, tente de combler les trous de son enfance, de retracer étape par étape son itinéraire d’enfant juif né à Paris de parents polonais à travers la France occupée. La quête de sa vie. Il nous la raconte chez lui dans le Val-d’Oise, un matin de mars à l’occasion de la publication de ses mémoires «l’Enfant d’Izieu» (éd. @harpercollinsfrance).
Ce n’est que près de trente ans plus tard, assis dans son salon devant la télévision, qu’il parviendra à apposer un nom, celui du village d’Izieu, à cette grande bâtisse blanche, dans laquelle il a partagé la vie d’une quarantaine d’enfants de novembre 1943 à la fin du mois de janvier 1944. Des semaines dont il garde de mauvais souvenirs, liés à la tristesse d’un enfant tout juste séparé de sa mère, à la rigueur de l’hiver, aux difficiles interactions avec certains. Un séjour auquel sa voisine de palier à Paris, Jeanne Bosselut, mettra un terme en venant le récupérer pour le garder jusqu’à la fin de la guerre.

👉 L'intégralité de l'article d'Anne-Sophie Lechevallier est à lire dans l'appli Libé


📷 @robertofrankenberg

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