dimanche 21 avril 2024

Brancusi l'oiseau rare à Beaubourg

 

C’est l’aube au @centrepompidou : un coq nous accueille. Il date de 1935, ne chante pas. Trois autres coqs suivent un peu plus loin, également muets, d’un gris clair, en plâtre. Par-devant, on ne voit que leurs crêtes et une patte pour chacun d’eux. Les pattes sont posées sur de petits socles ronds, trapus, de taille et de hauteur différentes. Les socles de Brancusi : des ancres, mais aussi des aires de décollage ou de lévitation. Là-haut, le gallinacé mis à nu finit en pointe, comme la cime d’un petit sapin, fin et tranchant. Le coq a quelque chose du roc, et son buste, de l’arbuste : sculpture d’hiver, à formes persistantes. De profil, on ne voit plus que les scies des crêtes et la raideur des pentes. Ce qui renvoie à la réalité n’est qu’un signe de la réalité.
La précédente rétrospective consacrée à Constantin Brancusi datait de 1995. Il était mort en 1957. Son atelier de 200 m², situé devant le centre Pompidou, on le visitait. Mais ses archives, 62 boîtes de papiers, de photos, de disques, de dessins, et même de quelques peintures, étaient bloquées par un conflit entre le couple de légataires universels (Brancusi n’avait pas d’enfants) et l’Etat. Elles ont été acquises par celui-ci en 2001, et les rares films où l’artiste apparaît, en 2011. Si l’exposition dirigée par Ariane Coulondre est une réussite intellectuelle autant qu’esthétique, c’est aussi parce qu’elle a bénéficié de ces documents. Plusieurs d’entre eux sont exposés dans la vitrine centrale, qui fait face à une reconstitution presque enchantée de son atelier : elle rappellera, à ceux qui l’ont vue, celle de l’atelier d’André Breton dans l’exposition de 1991 qui lui fut consacrée. Un magnifique mur est composé de certaines pochettes des 200 disques, 33 et 78 tours, qu’il possédait : beaucoup de folklore d’Europe orientale, sud-américain, balinais, mais aussi du jazz, de grands airs russes ; de la musique populaire avant toute chose. Brancusi posait certaines sculptures sur des roulements à billes qui tournaient grâce à un moteur de gramophone.

👉 L'intégralité de l'article de Philippe Lançon est à lire dans l'appli Libé


📷 «Danaïde» de Brancusi, 1913. Centre Pompidou

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