Ils sont 2000, et ils marchent en silence, affublés du t-shirt ou du sweat blanc qu’ils avaient dans leur armoire. Vendredi, tout Grande-Synthe est là, dans sa diversité, pour rendre hommage à Philippe, 22 ans, tué dans la nuit du 15 au 16 avril, roué de coups, laissé pour mort sur un parking. La famille et les amis ouvrent la marche, et tiennent une large banderole, où il sourit, yeux pétillants de gaîté, si jeune. Il travaillait au centre socio-éducatif de la ville, une ville nouvelle des années 70, construite pour les ouvriers de l’usine sidérurgique, devenue ArcelorMittal aujourd’hui. Une ville résiliente, dans la périphérie de Dunkerque, donnée en exemple pour ses rénovations respectueuses de l’environnement. Ils étaient beaucoup à le connaître, le gentil garçon, toujours serviable, toujours à dire bonjour. «Nous sommes une famille ici», explique Jamila, 65 ans, que la violence de l’agression laisse sans voix. «C’est inimaginable», souffle-t-elle.
La marche blanche a commencé devant le lycée du Noordover, à moins de cent mètres de la maison de sa mère. Les proches sont nombreux devant le pas-de-porte, à protéger l’intimité de la famille. Laurence, 56 ans, agente d’entretien, ne cache pas sa colère : «Je pense à sa maman, qui avait perdu son mari, et qui a maintenant perdu son fils.» Elle s’arrête, à chercher ses mots, n’en voit que deux : «La barbarie.» Reprend : «S’acharner comme cela, c’est vouloir tuer. Vous frappez quelqu’un, quand vous le voyez à terre, vous vous dites que c’est bon, il faut s’arrêter.»
Le reportage de Stéphanie Maurice est à lire dans l'app Libération
📷 @sdubromel / Hans Lucas pour Libération
(Extraits articles de presse) Libération, le Monde, le Figaro, L'Equipe, Télérama, Première, AFP, Reuters, AP News
dimanche 21 avril 2024
Marche blanche à Grande Synthe
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