lundi 29 avril 2024

Une journée ordinaire sur les côtes Françaises

 

"Fuck you !", vocifère-t-il vers un policier qui vient de crever son bateau d'un coup de couteau. La chance de ce jeune Soudanais, qui désespère de rejoindre l'Angleterre, viendra une heure plus tard, sur une autre embarcation de fortune surchargée.
Les policiers semblent confiants en ce vendredi sur la plage de Gravelines (Nord), avec leurs deux buggies qui, espèrent-ils, dissuaderont les migrants de tenter des départs. "C'est pas aujourd'hui que vous allez gagner le Pulitzer !", plaisante l'un d'eux avec un journaliste de l'AFP.
Mais la mer est trop calme, le vent trop clément: les candidats à l'exil ne laisseront pas passer cette chance. Vers 7H00, une trentaine surgissent d'une petite forêt en lisière de la plage. Ils sprintent vers l'eau.
La loi britannique autorisant le gouvernement à expulser vers le Rwanda les demandeurs d'asile entrés illégalement sur son territoire, votée dans la semaine, semble bien loin de leurs préoccupations. Tout comme les cinq migrants décédés mardi dans une tentative de traversée à Wimereux (Pas-de-Calais).
Les buggies slaloment au milieu du groupe pour le disperser. Puis les policiers lancent les lacrymo, sans succès: les réfugiés poursuivent leur course vers la mer.
Un "taxi-boat" les attend à une dizaine de mètres du rivage. Ces petites embarcations sont mises à l'eau à distance des plages où elles récupèrent les migrants, contraints de les rejoindre à la nage - ce vendredi dans une eau glaciale. Les passeurs se jouent ainsi de la police, interdite d'intervention en mer.
Dans leur course, certains sont aspergés de spray au poivre par les policiers. Touchée, une femme d'une quarantaine d'années se cache le visage dans son écharpe et continue de courir à l'aveugle.
Elle se jette à l'eau, comme ses compagnons, et nage vers le canot pneumatique. Ses vêtements épais, essentiels pour les longues heures de traversée, sont alors un handicap #AFP

📷 @sameer_aldoumy
✍️ Kenan AUGEARD

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