"Fuck you !", vocifère-t-il vers un policier qui vient de crever son bateau d'un coup de couteau. La chance de ce jeune Soudanais, qui désespère de rejoindre l'Angleterre, viendra une heure plus tard, sur une autre embarcation de fortune surchargée.
Les policiers semblent confiants en ce vendredi sur la plage de Gravelines (Nord), avec leurs deux buggies qui, espèrent-ils, dissuaderont les migrants de tenter des départs. "C'est pas aujourd'hui que vous allez gagner le Pulitzer !", plaisante l'un d'eux avec un journaliste de l'AFP.
Mais la mer est trop calme, le vent trop clément: les candidats à l'exil ne laisseront pas passer cette chance. Vers 7H00, une trentaine surgissent d'une petite forêt en lisière de la plage. Ils sprintent vers l'eau.
La loi britannique autorisant le gouvernement à expulser vers le Rwanda les demandeurs d'asile entrés illégalement sur son territoire, votée dans la semaine, semble bien loin de leurs préoccupations. Tout comme les cinq migrants décédés mardi dans une tentative de traversée à Wimereux (Pas-de-Calais).
Les buggies slaloment au milieu du groupe pour le disperser. Puis les policiers lancent les lacrymo, sans succès: les réfugiés poursuivent leur course vers la mer.
Un "taxi-boat" les attend à une dizaine de mètres du rivage. Ces petites embarcations sont mises à l'eau à distance des plages où elles récupèrent les migrants, contraints de les rejoindre à la nage - ce vendredi dans une eau glaciale. Les passeurs se jouent ainsi de la police, interdite d'intervention en mer.
Dans leur course, certains sont aspergés de spray au poivre par les policiers. Touchée, une femme d'une quarantaine d'années se cache le visage dans son écharpe et continue de courir à l'aveugle.
Elle se jette à l'eau, comme ses compagnons, et nage vers le canot pneumatique. Ses vêtements épais, essentiels pour les longues heures de traversée, sont alors un handicap #AFP
📷 @sameer_aldoumy
✍️ Kenan AUGEARD
(Extraits articles de presse) Libération, le Monde, le Figaro, L'Equipe, Télérama, Première, AFP, Reuters, AP News
lundi 29 avril 2024
Une journée ordinaire sur les côtes Françaises
La flamme olympique en route pour Marseille
Cap sur Marseille! A trois mois de l'ouverture des Jeux de Paris-2024, le trois-mâts Belem a largué les amarres samedi matin dans le port grec du Pirée avec à son bord la flamme olympique, attendue triomphalement le 8 mai dans la cité phocéenne.
Le président du comité d'organisation des JOP, Tony Estanguet, a exprimé "une grande émotion" au moment d'entamer ce périple, lui qui avait reçu la veille la flamme des mains du président du comité olympique hellénique Spyros Capralos lors d'une cérémonie au Stade panathénaïque.
"Maintenant, nous allons (la) ramener en France avec ce bateau, le Belem, qui date lui aussi de 1896", année des premiers Jeux olympiques de l'ère moderne. "Quelle fantastique coïncidence !" a-t-il ajouté.
Navire de 58 mètres, ce fleuron du patrimoine maritime français, classé monument historique depuis 1984, avait été en effet construit au XIXe siècle aux chantiers Dubigeon de Nantes.
Il a effectué 33 campagnes commerciales jusqu'en 1914 transportant dans sa coque d'acier des marchandises du Brésil, de Guyane et des Antilles. Victime de la concurrence des bateaux à vapeur, il a été sauvé de l'abandon par le duc de Westminster qui l'a transformé en yacht.
Revendu ensuite en 1921 au brasseur Arthur Ernest Guinness, le Belem a accosté en 1952 à Venise pour devenir navire école, avant d'être racheté en 1979 par la Caisse d'Epargne, qui créera un an plus tard la Fondation Belem pour lancer sa restauration.
Samedi matin, le trois-mâts était accompagné au large du port du Pirée par la trière Olympias, une galère de combat antique qui appartient à la marine grecque, et par 25 voiliers, devant plusieurs dizaines de curieux qui observaient sous un soleil voilé la scène derrière des grilles de sécurité.
Des spectateurs qui devraient être bien plus nombreux le 8 mai, à son arrivée à Marseille, créée vers 600 avant JC par les Grecs sous sous le nom de "Massalia" #AFP
📷 theophile_bloudanis
La nef du Grand Palais sublimée pour les JO de Paris
La nef du Grand Palais est prête pour les Jeux olympiques (JO). Après trois ans d’un chantier mené tambour battant, Paris 2024 a investi ce volume grandiose où se tiendront à partir de fin juillet les épreuves d’escrime et de taekwondo. Les travaux ont pris un léger retard dans les galeries attenantes, mais, fin mai, tout sera fini, assure Daniel Sancho, le directeur du projet pour la Réunion des musées nationaux (RMN), maître d’ouvrage de la vaste opération de réhabilitation du Grand Palais. « Ce sera largement suffisant pour mettre en place les aménagements requis dans ces espaces qui vont accueillir les salles d’entraînement et de pré-échauffement, la salle pour les tests antidopage, les installations du PC sécurité… ».
Une fois l’événement terminé, le chantier débutera sa dernière phase, qui conduira à la réouverture des galeries nationales (livraison prévue pour juin 2025) et du Palais de la découverte (en 2026). Sur le plan architectural, l’enjeu de l’opération est déjà pleinement perceptible. Il s’agit avant tout de révéler à lui-même ce joyau de la Belle Epoque que fut le Grand Palais au moment de son inauguration, en 1900, dans le cadre de l’Exposition universelle.
Photo : La nef du Grand Palais rénovée pour accueillir les épreuves d’escrime et de taekwondo des JO de Paris lors de la visite d’Emmanuel Macron, le 15 avril 2024. YOAN VALAT/AFP
Bardella reste toujours en tête pour les élections Européenne de juin prochain
A six semaines des élections européennes, le Rassemblement national (RN) reste ancré à la première place, mais derrière lui, les choses bougent. Un second match se dessine entre la liste Renaissance et celle du Parti socialiste (PS) et de Place publique, dans lequel les électeurs indécis ou encore démobilisés peuvent inverser les rapports de force, le dimanche 9 juin. C’est l’enseignement de la quatrième vague de l’enquête électorale réalisée par Ipsos, en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde.
Selon ce sondage mené du 19 au 24 avril selon la méthode des quotas auprès d’un large échantillon de 10 651 personnes représentatif de la population française inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus, la liste du RN, conduite par Jordan Bardella, progresse encore de 1 point de pourcentage par rapport à la vague précédente, en mars, pour s’établir à 32 % des intentions de vote (avec une marge d’erreur de 1,3 point). La liste de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons et UDI) conduite par Valérie Hayer baisse, quant à elle, d’un point, à 17 % (marge d’erreur : 1,1 point), un niveau où elle est de plus en plus talonnée par la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann.
Infographie : Le Monde
Source : quatrième vague de l’enquête électorale réalisée par Ipsos, en partenariat avec le Cevipof, l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et « Le Monde ». Echantillon de 10 651 personnes, représentatif de la population française inscrite sur les listes électorales, agée de 18 ans et plus (méthode des quotas).
Le réchauffement des océans entraine un blanchissement massif des coraux dans le monde
Les conséquences de 2023, année la plus chaude mesurée depuis le début des relevés, sont déjà visibles sur les coraux, une des richesses de la nature les plus menacées par le changement climatique d’origine humaine. Même s’il est impossible encore de mesurer la mortalité réelle dans les colonies de polypes, le processus étant en cours, les vagues de chaleur marines ont fait entrer de nombreux récifs de la planète dans une zone létale. Lundi 15 avril, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a ainsi confirmé que la Terre « connaît un nouvel événement mondial de blanchissement des coraux ». Selon les scientifiques de l’agence américaine qui ont compilé les observations venues de nombreuses régions et les relevés des températures de surface des mers (Sea Surface Temperature, SST) entre février 2023 et avril 2024, cet épisode, le quatrième depuis le début des relevés en 1985, le deuxième en moins de dix ans, est « important ». « Il est encore prématuré pour évaluer les impacts, mais cela semble très puissant, d’autant plus que cela survient très vite après celui de 2016 alors que les coraux ont besoin de plusieurs années, parfois dix ans pour se régénérer quand ils n’en meurent pas », estime Jean-Pierre Gattuso, océanographe (CNRS) au Laboratoire d’océanographie de Villefranche (Alpes-Maritimes). En 2018, une étude publiée dans la revue Nature avait révélé que la chaleur de 2016 avait provoqué la mort de 30 % des coraux de la grande barrière australienne.
Photos : Des coraux décolorés et morts autour de l’île Lizard sur la Grande Barrière de corail, située à 270 kilomètres au large de la ville de Cairns (Australie), le 5 avril 2024. DAVID GRAY / AFPSabine Azéma
Sabine Azéma vient de retrouver son « mari de cinéma », André Dussollier, dans N’avoue jamais, une comédie d’Ivan Calbérac, en salle le 24 avril. Récompensée par deux Césars de la meilleure actrice, l’ancienne compagne d’Alain Resnais, qui lui a offert de très beaux rôles (Mélo [1986], Smoking/No Smoking [1993], On connaît la chanson [1997]), n’a jamais cessé de tourner. Agée de 74 ans, toujours pétillante, elle travaille à l’écriture d’une bande dessinée et va prochainement jouer dans un film italien.
Je ne serais pas arrivée là si…
… Si je n’avais pas autant aimé le jeu. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours joué. Enfant, j’inventais des histoires, j’en écrivais, je distribuais les rôles à mes camarades d’école ou, à la maison, à mes deux petites sœurs. Je construisais des décors avec ce qui me tombait sous la main, je prenais des bouts de tissu pour en faire des costumes. Je passais ma vie à monter des spectacles. Je faisais payer le public, c’est-à-dire ma famille. Je me suis toujours sentie comme un mouton échappé du troupeau et en même temps j’aime rassembler. J’ai toujours voulu mettre la vie en scène, je la trouve plus intéressante comme ça. Le jeu, ce n’est pas forcément être acteur, c’est une façon d’être au monde, de vouloir provoquer de la surprise chez l’autre. Ça peut être, par exemple, se cacher derrière un arbre pour surprendre quelqu’un et le faire tressaillir.
Photo : Sabine Azéma, en 2023. Laura Stevens / Modds
Au musée du quai Branly la cosmovision fascinantes des Mexicas
Ne les appelez plus « Aztèques » mais « Mexicas ». Tout comme on ne dit plus « Esquimaux » mais « Inuits », tout comme on ne dit plus « Jivaros » pour désigner les Shuar. Car c’est bien de l’Empire mexica que se sont emparés, en 1521, les Espagnols emmenés par Hernan Cortes. Lequel donnera d’ailleurs le nom Mexico à la ville qu’il fondera sur le site de l’ancienne capitale, Tenochtitlan.
Ce nom de « Mexicas » figure bien dans les textes et codex de l’époque, mais, par une facétie de l’histoire, un renversement s’est produit au XIXe siècle, lorsque l’explorateur et naturaliste allemand Alexander von Humboldt a introduit le terme « aztèques », en référence à la ville mythique d’Aztlan, dont ce peuple était censé être originaire. Une invention couronnée de succès.
Même si l’appellation originelle a fait son retour au Mexique depuis quelques décennies, la bataille est encore rude pour l’imposer au reste du monde, et il faut signaler le risque que prend le Musée du quai Branly-Jacques-Chirac en choisissant un mot inconnu comme titre de sa nouvelle exposition, en lieu et place du confortable, célèbre et évocateur « Aztèques ». « C’est la première fois qu’un musée accepte de faire une grande exposition sur cette civilisation avec le changement de nom », souligne Steve Bourget, responsable des collections Amériques au musée, avec Fabienne de Pierrebourg, tous deux étant commissaires scientifiques de l’exposition.
Photo : Composition en céramique de près de 1,80 mètre de haut figurant Mictlantecuhtli, dieu qui règne sur le monde des morts. SECRETARÍA DE CULTURA-INAH-MEX / MICHEL ZABÉ
dimanche 28 avril 2024
La une de Libération du lundi 29 avril 2024
Allégeance à Bolloré, nouvelle foi ultra-catho… L’héritier Lagardère, convoqué lundi au Parquet national financier, s’affiche en homme heureux dans son empire réduit à peau de chagrin.
📷 Sébastien Calvet / Mediapart
vendredi 26 avril 2024
La "génération covid" en masters aujourd'hui toujours en proie aux difficultés
L’impression de chuter dans le vide. C’est ce que Camille, 21 ans, a ressenti en octobre 2020, lorsque le deuxième confinement est survenu. Etudiante en première année à Polytech Nantes depuis peu, la jeune femme se retrouve enfermée dans son appartement nantais. « Je crois que c’est le moment où je me suis sentie le plus seule de toute ma vie », raconte-t-elle. En un mois et demi de cours à l’université, Camille n’a pas vraiment eu le temps de créer du lien avec les gens de sa promotion : « J’avais rencontré quelques personnes, mais on ne parlait que par messages de choses qui renvoyaient aux cours, rien ne relevait de l’intime. » Elle se désintéresse de ses cours, ne dort pas la nuit, perd tout rythme. « J’avais l’impression de suivre ma vie de loin », constate-t-elle. Un jour, elle craque devant sa mère. Elle retourne voir la psychiatre de son enfance qui l’aide à sortir de sa phase dépressive.
La transition vers l’âge adulte de cette « génération Covid » a été particulièrement rude lors de la crise sanitaire. L’université de Bordeaux a mené plusieurs études à ce sujet chez les 18-25 ans, avant et après la crise sanitaire, à la rentrée 2022. Résultat : 41 % des étudiants interrogés en 2022 présentent des symptômes dépressifs modérés à sévères, contre 26 % avant le Covid. Les idées suicidaires ont également dangereusement gagné du terrain, passant de 21 % à 29 %.
« La tendance qu’on observe, c’est qu’il n’y a pas eu de retour à la normale à la fin des confinements, explique Mélissa Macalli, l’épidémiologiste qui a mené cette étude. Les psychologues sur le terrain accueillent davantage de jeunes avec des cas plus complexes à traiter. » Quatre ans après le début de la pandémie, nous avons rencontré une dizaine d’étudiants bientôt diplômés de master. Tous ont fait leur entrée dans le monde des études à un moment où l’enseignement supérieur était sous cloche. Tous ont été affectés, de près ou de loin, par ce début un peu particulier.
illustration : CLARA DUPRE
Le lourd tribut environnemental d'Okinawa à la présence militaire américaine
Un paradis de nature préservée, riche en espèces en voie de disparition. C’est ce que pensait trouver Akino Miyagi, entomologiste spécialisée dans les papillons, lorsque, en 2016, 4 000 hectares de la jungle de Yanbaru, dans le nord de l’île principale d’Okinawa, où est située la plus grande zone d’entraînement de l’armée américaine sur place – le Jungle Warfare Training Center –, ont été restitués aux autorités locales.
En réalité, elle fut horrifiée par ce qu’elle découvrit : douilles de balles d’armes automatiques et d’obus, cartouches et grenades non utilisées, haies de barbelés, parachutes en lambeaux accrochés à des branches d’arbres, canettes et bouteilles en plastique… D’entomologiste, Akino Miyagi s’est transformée en militante très déterminée. A plusieurs reprises, elle a été arrêtée pour avoir lancé aux pieds d’hommes politiques venus de Tokyo des volées de douilles ramassées dans la zone rétrocédée par les Américains : « Voilà ce que vous laissez faire ! »
Aux termes de l’accord sur le statut des bases militaires, l’armée américaine n’a pas à rendre dans leur état originel les terrains qu’elle a utilisés. C’est au ministère de la défense japonais de nettoyer la jungle de Yanbaru. En 2023, il avait déjà récupéré 15 000 douilles et 8 tonnes d’explosifs. Tokyo ambitionne même de faire inscrire la jungle au Patrimoine mondial naturel de l’Unesco, ce qui risque de prendre du temps.
Photo : Des avions décollant de la base aérienne du corps des marines américains de Futenma, dans la ville de Ginowan, préfecture d’Okinawa (Japon), le 23 août 2022. PHILIP FONG / AFP
La mobilisation des campus américains pour Gaza se tranforme en piège électoral pour Biden
L’Amérique se déchire sur la guerre à Gaza et le campus de l’université Columbia, au nord de Manhattan, à New York, est devenu l’épicentre de la bataille. Les responsables politiques venus de la capitale fédérale Washington s’y invitent en pleine campagne électorale. Le conflit peut être ravageur pour Joe Biden, lui aliénant à la fois une partie de la jeunesse et une partie du vote juif.
Ainsi, le speaker républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s’est-il rendu, mercredi 24 avril, devant la bibliothèque de la prestigieuse université, juste en face des tentes installées par les étudiants propalestiniens qui dénoncent le soutien américain à Israël et la brutalité de la guerre menée à Gaza. « Retournez en cours et arrêtez ce non-sens, a-t-il exigé, condamnant les propos anti-israéliens ou antisémites. Ce sont des paroles que nous attendons des ayatollahs iraniens, et non des législateurs et des étudiants américains. »
Après avoir rencontré des étudiants juifs se disant harcelés ou menacés, le speaker de la Chambre a appelé à la démission de la présidente de l’université, Nemat Shafik, une économiste d’origine égyptienne, qui a pris ses fonctions à l’été 2023. « Nous ne pouvons pas permettre ce type de haine. Ceux qui commettent ces violences doivent être arrêtés. » Il a aussi déclaré qu’il téléphonerait, après sa visite, au président Joe Biden. « Il y aura un moment venu pour appeler la garde nationale », a prévenu M. Johnson, qui se refait une virginité politique en croisant le fer avec la gauche sur les campus.
Photo : Au centre, le speaker républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, sur les marches de la bibliothèque de l’université Columbia, à New York, le 24 avril 2024. ALEX KENT / AFP
A Sciences PO la tension monte
Un mois à peine après sa nomination en tant qu’administrateur provisoire de Sciences Po, Jean Bassères a frappé fort. A sa demande, dans la nuit de mercredi 24 à jeudi 25 avril, plusieurs dizaines de CRS sont intervenus au sein de l’établissement pour déloger une soixantaine d’étudiants qui avaient organisé un sit-in depuis l’après-midi à l’appel du Comité Palestine Sciences Po. Le collectif revendique une centaine de membres, et s’est constitué en novembre 2023 lors de l’intensification de l’offensive d’Israël sur Gaza.
Cette action est intervenue au lendemain d’une mobilisation sans précédent en soutien à la Palestine au sein de l’université américaine de Columbia, à New York, établissement qui propose des doubles diplômes avec Sciences Po.
Mercredi dans la soirée, l’administrateur provisoire de Sciences Po, en fonctions depuis le 27 mars à la suite de la démission de Mathias Vicherat – renvoyé devant le tribunal correctionnel avec son ex-compagne pour des faits de violences conjugales –, avait consulté la ministre de l’enseignement supérieur « pour lui partager son souhait d’avoir recours à la force publique [et] la ministre l’a assuré de son soutien dans cette décision », déclare au Monde l’entourage de Sylvie Retailleau.
Photo : Campement de tentes dans l’enceinte de Sciences Po Paris, lors d’une veillée en soutien aux Gazaouis organisée par les étudiants de l’école, le 24 avril 2024. STRINGER / Anadolu via AFP
"Toutes ces blessures provoquent une rage mais aucune envie d'arrêter"
Dans un entretien exclusif à «Libération», l’actrice Juliette Binoche revient sur ses débuts au cinéma à la lumière de la révolution #MeToo. Evoquant les nombreuses scènes de nu, les rôles systématiquement sexualisés ou encore les agressions sur les tournages.
Juliette Binoche a une particularité : même quand elle était très jeune, elle n’a jamais fait du silence sa loi. Ne pas s’encombrer, mais revisiter sans anachronisme ses débuts à la lumière de la révolution #MeToo : tel est le pari de cette rencontre avec Libération. En France, aucune actrice de renommée internationale n’avait jusqu’à présent pris la parole. L’entretien s’est fait en plusieurs temps, et Juliette Binoche, qui l’a relu et peaufiné pour préciser certaines formulations ou détails, s’est investie largement dans son écriture.
C’est l’histoire d’une jeune fille animée par une nécessité intérieure que rien ne peut décourager. Elle découvre un monde, certes brillant et désirable, mais constamment susceptible de malmener son intégrité ou la mettre en danger. Où mettre les limites ? Comment les appréhender quand on a 18, 20 ans, avec pour seul guide son intuition ? C’est la parole d’une actrice devenue star, à la filmographie internationale, époustouflante en raison de la diversité des grands cinéastes qui jalonnent sa route – Leos Carax, Krzysztof Kieślowski, Michael Haneke, Abbas Kiarostami, Claire Denis, Olivier Assayas, André Téchiné pour n’en citer que quelques-uns, et récompensée par les prix les plus prestigieux (oscar, coupe Volpi à la Mostra de Venise, césar, prix d’interprétation à Cannes).
➡️ L'entretien complet est à lire sur le site et l'application de Libération
✍️ Anne Diaktine
📸 Jérôme Bonnet/Modds pour Libération
jeudi 25 avril 2024
Le chanteur a voulu «simuler un suicide» pour que sa femme ne parte pas
Quatre jours après qu’une balle de revolver est venue transpercer le torse du chanteur dans une aire d’accueil de gens du voyage, à Biscarrosse, le procureur des Landes a tenu une conférence de presse ce jeudi.
le procureur de la République de Mont-de-Marsan (Landes), Olivier Janson, a affirmé que le chanteur Kendji Girac avait manifestement été touché par un «tir à bout portant», au niveau «du mamelon gauche», «à proximité immédiate du cœur». «Les conséquences de ce tir auraient pu être beaucoup plus graves qu’elles ne le sont», assure le procureur sur la base des observations du médecin légiste.
Le procureur a ensuite raconté le témoignage de la compagne, Soraya M., dans lequel elle décrit plusieurs disputes survenues pendant la nuit au sujet de la consommation d’alcool de Kendji Girac. Egalement, sur le bruit que faisait le chanteur à l’intérieur de la caravane puis dans sa voiture. Celui-ci ayant réveillé leur fille deux fois, Soraya M. s’est rendue dans la chambre avec leur fille. Elle a alors entendu son conjoint fouiller dans les placards du salon, puis un coup de feu. «Ce dont je suis absolument certaine, c’est qu’il n’y avait personne d’autre. Ce ne peut être que lui qui s’est tiré dessus, volontairement ou accidentellement», a-t-elle dit aux enquêteurs, précisant que Kendji Girac lui avait déjà dit qu’il «allait se mettre une balle ou s’ouvrir la gorge» dans le cadre de disputes précédentes.
👉 Toutes les infos sur Liberation.fr
📸 Jean-Pierre Bouchard/Gamma-Rapho
Manifestations en Israël pour la libération des otages
Des manifestants se disputent avec des policiers lors d’un rassemblement appelant à la libération immédiate des otages israéliens détenus à Gaza depuis l’attaque meurtrière du 7 octobre contre Israël par le groupe islamiste palestinien Hamas, près de la résidence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à Jérusalem, le 24 avril 2024.
Les proches des otages israéliens détenus à Gaza ont marqué le début de la Pâque juive, une fête d’une semaine qui célèbre la liberté, avec un nouvel appel au gouvernement pour qu’il conclue un accord pour le retour de leurs proches disparus.
Le fils de Rachel Goldberg-Polin, Hersh, âgé de 23 ans, a été capturé et emmené à Gaza après que son bras a été arraché le 7 octobre lorsque des combattants du Hamas ont attaqué le festival de musique Supernova dans le sud d’Israël. Elle a déclaré que la Pâque juive de cette année serait plus profonde que jamais et a exhorté le gouvernement à trouver un moyen de rendre les otages.
Le Hamas a publié mercredi une vidéo montrant apparemment Hersh Goldberg-Poli en vie. 🔗 Pour en savoir plus, consultez notre lien dans la biographie
La Grèce souffre d'un nouveau cycle de pollution par les poussières sahraouies
Des nuages de poussière soufflés du désert du Sahara ont couvert Athènes et d'autres villes grecques hier, l'un des pires épisodes de ce genre à frapper le pays depuis 2018.
Une brume jaune-orange a étouffé plusieurs régions après plusieurs jours de vents violents venant du sud, limitant la visibilité et suscitant des avertissements des autorités concernant les risques respiratoires.
La Grèce avait déjà été frappée par des nuages de poussière du Sahara fin mars et début avril qui étouffaient également certaines parties de la Suisse et du sud de la France.
📷 @angelos_tzortzinis
#AFPPhoto
Kenji Girac aurait "simuler" un suicide
Kendji Girac, blessé par balle lundi à Biscarrosse (Landes), a expliqué mercredi aux enquêteurs avoir voulu "simuler un suicide" pour faire peur à sa compagne qui menaçait de le quitter après une dispute, a déclaré jeudi le procureur de Mont-de-Marsan Olivier Janson.
Le chanteur "a eu très peur quand il l'a entendue parler de départ, il a eu un moment de panique et a voulu à son tour lui faire peur. En quelque sorte il a simulé un suicide", a déclaré le magistrat en conférence de presse.
"Il a dit assumer ce qu'il a fait tout en le regrettant très fortement", a ajouté le procureur qui a laissé entendre qu'il allait classer le volet de l'enquête ouvert pour "tentative d'homicide". "Sauf élément nouveau, cette procédure devrait se terminer par un classement", a-t-il dit, tandis que d'autres investigations seront poursuivies pour "savoir d'où provient cette arme".
Le chanteur, âgé de 27 ans, a été hospitalisé lundi près de Bordeaux après une grave blessure par balle au thorax, dont la trajectoire, passée proche du coeur, a été qualifiée de "miraculeuse" par le procureur.
Palme d’or 2008 Laurent Cantet est mort ce jeudi à l’âge de 63 ans
Il était, par cette récompense suprême lui assurant une notoriété internationale, la figure la plus exposée d’un groupe constitué dès les rangs de l’école de cinéma avec notamment Dominik Moll, Gilles Marchand, Robin Campillo, Vincent Dietschy… «Nous sommes toujours là pour juger le travail des autres lors des étapes cruciales, les lectures de scénario ou les projections de montage. Leur avis est encore celui qui m’intéresse le plus. Nous avons appris à nous décoder. Nous ne sommes pas en rivalité, et ne cherchons pas à nous faire plaisir», expliquait-il encore quand, au côté de la productrice Marie-Ange Lucciani (Anatomie d’une chute), s’est élaboré un nouveau projet de film (casting et repérages en cours entre les chimios). La maladie a gagné sur le désir de film, alors même qu’à chaque final cut il disait ne pas savoir si ce n’était pas le dernier.
Depuis ses tout débuts, Libération a suivi sa carrière et aimé cet état d’esprit : en 1995, à propos du court métrage Tous à la manif, découvert à Clermont-Ferrand, le critique maison Gérard Lefort écrivait déjà : «C’est un film où il n’y a rien, même l’impromptu qui n’ait été regardé de très près, c’est-à-dire désiré.»
Photo : Laurent Cantet en 2012 pour Libération
📸 Edouard Caupeil
mercredi 24 avril 2024
Comment le Louvre et quatre grand musés parisiens veulent surfer sur les JO
Des figures de skate de Louise-Aina Taboulet devant La Victoire de Samothrace, des jumps de BMX de PJ Martini dans les couloirs de la galerie d’Apollon, le breakeur Dany Dann dansant devant les chefs-d’œuvre de la peinture italienne ou le basketteur Diamant Blazi dribblant devant la pyramide en verre : en quelques images séduisantes, le Musée du Louvre a présenté, mardi 23 avril, quelques-uns des influenceurs et athlètes qui allaient accompagner le lancement de son opération de festivités culturelles autour des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris. L’institution culturelle s’est associée à quatre autres grands musées parisiens, le Centre Pompidou, le Musée du quai Branly, l’Orangerie et Orsay, pour offrir un jeu de pistes en cinq parcours. Ces cinq établissements seront en effet aux premières loges des épreuves des JOP, entre la Seine pour la cérémonie d’ouverture, les Tuileries qui verront passer la course de cyclisme et le marathon, la place de la Concorde avec son enceinte réservée au basket 3X3, BMX, skateboard et breakdance, et les différentes fan-zones parisiennes. Ils ont donc cherché à « capter le souffle des JO et l’amener dans les musées », a expliqué Laurence des Cars, directrice du Louvre. Et créer ainsi des passerelles entre l’art et le sport « pour faire bouger les gens », comme l’a tourné Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques. Cinq parcours ont donc été imaginés au sein de chacune des institutions culturelles.
Photo : La répétition d’une chorégraphie de Mehdi Kerkouche au Musée du Louvre, « Les Visites sportives », le 23 avril 2024 à Paris. THOMAS SAMSON / AFP
"La république islamique mène une guerre à grande échelle à l'encontre de toutes les femmes"
Valeureux peuple d’Iran, je suis Narges Mohammadi. Vous entendez ma voix depuis le quartier des femmes de la prison d’Evin. Ma carte d’appel téléphonique a été désactivée il y a cinq mois par l’administration pénitentiaire, ce qui me contraint à utiliser celle que possède ma codétenue, Sepideh Gholian.
Il y a une heure, une jeune femme nommée Dina Ghalibaf a été conduite dans la cour du quartier des femmes de la prison d’Evin, le corps couvert d’hématomes, après avoir été agressée sexuellement.
Pendant des années, nous avons été témoins des agressions, des abus sexuels et des passages à tabac de nombreuses femmes de tout le pays de la part d’agents du gouvernement. Cependant, aujourd’hui, la République islamique – qui ne se trouve pas en position de force, mais de fébrilité – mène, en désespoir de cause, une guerre à grande échelle à l’encontre de toutes les femmes, et ce, dans toutes les rues d’Iran.
Pour mettre fin à cette guerre impitoyable et contraindre la République islamique à battre en retraite, il existe deux scénarios. Soit nous, femmes d’Iran, sommes contraintes de nous battre seules, auquel cas nous continuerons de payer un lourd tribut pour notre liberté : en l’occurrence, la mort assurée. Soit le peuple iranien tout entier, et les peuples du monde à sa suite, se bat à nos côtés et nous aide ainsi à lutter tout en préservant nos vies.
Photo : Photo non datée de Narges Mohammadi, fournie par sa famille. AFP PHOTO / NARGES MOHAMMADI FOUNDAT
Un Ichtyosaure géant découvert outre-manche
Photo : La carcasse d’un ichtyosaure, « Ichthyotitan severnensis », échouée sur la plage. Vue d’artiste. Sergey Krasovskiy
Aux Canaries le surtourisme exaspère la population
Rues bondées, restaurants saturés, parkings complets. L’été approche et l’Espagne se prépare à accueillir des millions de visiteurs. En 2023, 85 millions de voyageurs internationaux ont visité le pays, selon l’Institut national de statistiques. Et le seuil des 91 millions pourrait être atteint en 2024, d’après le cabinet de conseil BrainTrust. La colère que cette affluence provoque, concentrée jusqu’ici principalement à Barcelone, s’étend désormais à tout le pays.
A l’été 2023, la mode, aux Baléares, était de disposer des faux panneaux près des lieux surfréquentés avec des indications en deux langues. Sur la même pancarte, on pouvait lire en anglais : « Plage fermée. Eau contaminée », et en espagnol : « Plage ouverte ». La contamination, ce sont les « guiris » (un terme péjoratif pour désigner les touristes). En mars, à Malaga (Andalousie), les portes d’appartements touristiques ont été couvertes d’autocollants sur lesquels était inscrit : « Touristes puants », « Avant, une famille vivait ici », « Partez loin d’ici »…
Les hôteliers s’inquiètent. « Certains modèles de croissance touristique sont en train d’arriver à leurs limites », a déclaré, le 16 avril, le président de l’Alliance pour l’excellence touristique Exceltur, José Luis Zoreda, rappelant qu’aux Canaries « le nombre de logements touristiques a augmenté de plus de 200 000, soit l’équivalent de cinq cents nouveaux hôtels de quatre cents places. Aucune destination ne peut supporter cela… »
Photo : La plage Morro Jable, à Fuerteventura, aux îles Canaries.
Philippe Turpin / Photononstop
Interview Marylise Léon
Réforme de l’assurance chômage, projet de loi sur la fonction publique, urgence de négocier sur les JO… Deux semaines après l’échec d’une négociation interprofessionnelle sur «la vie au travail» et à quelques jours du 1er mai, rencontre avec la secrétaire générale de la CFDT, qui évoque les différents dossiers sur la table syndicale.
Le 1er Mai approche. L'année dernière, c’était un 1er Mai intersyndical pour la première fois depuis très longtemps… Cette année, ce sera un peu chacun de son côté. Marylise Léon répond à Libération : «On n’a pas de mot d’ordre national interprofessionnel, mais on a plein d’endroits où on fait des choses ensemble. A la CFDT, on a privilégié un 1er mai sur les élections européennes et l’importance de l’Europe sociale. D’autres ont fait d’autres choix. Mais l’intersyndicale continue de se parler, de travailler, sans se dire que c’est l’alpha et l’oméga de l’action de nos organisations.»
➡️ L'interview complète de Marylise Léon est à lire sur le site et l'appli de Libération
✍️ Frantz Durupt
📸 Cha Gonzalez/Libération
Manu Payet au théâtre de la Madeleine avec Emmanuel 2
« Au fond, je suis fait pour raconter des histoires. » Alors il raconte, @manupayet Avec précision et générosité. Son enfance à La Réunio...