samedi 22 avril 2023

Les forces de l'ordre et la violence

 


Depuis une dizaine d’années, qu’on les considère comme un épiphénomène ou le résultat structurel d’une conception volontaire et tacitement encouragée du maintien de l’ordre, les exactions policières sont de plus en plus documentées. On ne compte même plus les yeux crevés et les doigts arrachés. Nous ne sommes pourtant plus en 1986. Les images des matraques qui s’abattent sans justification sur les corps sont désormais disponibles en quantité comme en qualité. De plus en plus d’utilisateurs les collectent et tentent méticuleusement de les référencer pour interpeller un ministère de l’Intérieur sourd à leurs appels. Non seulement le pouvoir n’a jamais évoqué la possibilité d’une remise en cause de la Brav-M mais la commission des lois de l’Assemblée nationale vient d’écarter l’idée d’un débat sur le sujet porté par une pétition citoyenne.


Que faire alors de ces milliers de vidéos de policiers faisant un usage disproportionné de la force, flottant désormais dans une orbite numérique infinie ? Comment expliquer que la même violence ne produise pas les mêmes effets ? Pourquoi l’agression de Malik Oussekine a-t-elle immédiatement eu des répercussions politiques tandis que les exactions d’aujourd’hui ne suscitent rien d’autre que les démentis éhontés de ministres si sûrs de leur fait ?

Si l’Etat détient le monopole de l’usage de la force légitime, encore faut-il nous demander dans quel contexte, au service de quel projet, en fait-il usage. Quel risque pesant sur l’avenir de la République justifie une telle violence à l’endroit des citoyens ? Les policiers que l’on voit insulter, bousculer, frapper, matraquer des manifestants dont la plupart ne leur opposent aucune résistance se battent-ils contre des anarchistes forcenés prêts à détruire la République ? Interviennent-ils pour répondre à un groupuscule armé qui fomente un coup d’Etat ? Non. Rien de tout cela.

👉 L'intégralité du texte d'@anthonypasseron est à retrouver dans le #LibéDesEcrivains : les journalistes de @liberationfr cèdent la place à des auteurs et autrices pour écrire sur l’actu.

📷 Un jeune homme interpellé au soir de l'adoption de la réforme des retraites par 49.3. @louiswitter

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