Longeant d’un pas traînant le commissariat ravagé le matin du 7 avril, une dame d’une cinquantaine d’années ignore le spectacle de dévastation. Elle hésite à s’exprimer, puis poursuit son chemin, prétextant une affaire urgente à régler. A sa suite, des relents d’alcool flottent quelques instants dans l’air.
Un tiers du commissariat, un bâtiment d’un étage, a été pulvérisé.
Les façades avant et arrière ont disparu, dénudant quelques pièces ouvertes aux quatre vents. Tous les bâtiments dans un rayon de 100 mètres sont sérieusement endommagés, les toits et les fenêtres de ceux restés viables ont déjà été recouverts de films protecteurs.
Olexandr, un policier en civil, observe les ruines avec un ami. Il montre sur son portable l’énorme cratère de plusieurs mètres de profondeur creusé par l’explosion, rebouché depuis avec les gravats. « Notre collègue Vadim Listopad, qui assurait la permanence, a été tué dans l’explosion. Pourquoi ? », interroge-t-il, tristement. Il se raidit, puis reprend : « Notre voisin [la Russie], je ne veux plus savoir ce qui se passe chez lui. Je veux qu’on construise un mur et l’oublier. Là-bas, si tu brandis une pancarte dans la rue, on te jette en prison. Nous ne voulons pas vivre ainsi. Des dizaines de milliers de nos militaires sont morts pour que l’on puisse vivre normalement, avec un minimum de liberté. Il nous faut un mur et des armes. Parce que nous serons toujours à 10 kilomètres d’eux. »
Photo : @rafaelyaghobzadeh #pourlemonde
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