dimanche 16 avril 2023

Mort au roi

 


Emmanuel Macron visitait vendredi soir le chantier de Notre-Dame de Paris, à l’heure où le Conseil constitutionnel rendait son verdict sur sa réforme des retraites. 

Le Président a lâché une petite phrase qui dressait l’autoportrait d’un fanfaron, et qui trahissait un cri de victoire au terme de trois mois de confrontations sociales et politiques : «Ne rien lâcher c’est ma devise», version macronienne du célèbre «droit dans ses bottes» d’Alain Juppé en 1995 – on se souvient que l’ancien maire de Bordeaux avait été contraint de déchausser en catastrophe et depuis il pantoufle au Conseil constitutionnel. Il a d’ailleurs été l’un des «sages» qui a validé la réforme des retraites Macron.

Sous la Ve République, chaque président en difficulté a tendance à faire l’éloge d’une conception présidentialiste des institutions. Emmanuel Macron, qui a chanté les vertus de Jupiter, a le chic pour vanter à chaque occasion cette prééminence. La rue a tendance à voir dans ce discours satisfait une attitude méprisante. Car le mot «mépris» est le plus fréquemment utilisé pour décrire l’attitude présidentielle, ce qui mesure la crise actuelle.

Pour bien marquer sa victoire, Emmanuel Macron a immédiatement promulgué cette loi. Il avait quinze jours pour le faire. Il n’a pas eu la moindre hésitation : il était pressé de proclamer que contrairement à la déclaration d’Elisabeth Borne, il y avait bien un vainqueur et des vaincus. Et le vainqueur, c’est lui. Pas question pour Emmanuel Macron de la jouer comme Jacques Chirac, qui en 2006 avait renoncé à promulguer la loi créant le CPE, au moins aussi contestée que la loi Macron.

👉 L'intégralité du billet de Serge July est à lire dans l'appli Libé

📷 Lewis Joly / @apnews

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