samedi 15 avril 2023

Le Cercueil de verre du Père-Lachaise

 


C'est un ancêtre de nos fake-news modernes. 

Un canular du XIXe siècle, auquel des dizaines de personnes ont cru pendant près d’un demi-siècle. Stéphanie Sauget, professeure d’histoire, nous le raconte dans «le Cercueil de verre du Père-Lachaise» Elle lui suggère trois origines, qui sont autant de façons de le comprendre.

La première origine est constituée par un ensemble de 63 lettres adressées au cimetière du Père-Lachaise entre septembre 1893 et juin 1937, aujourd’hui conservées aux Archives départementales de la Ville de Paris. Les deux tiers de ces lettres proviennent d’Amérique du Nord ; les autres d’Allemagne, de Belgique, d’Italie, d’Autriche-Hongrie… Trois seulement viennent de France. Toutes demandent la même chose : garder la dépouille d’une princesse russe qui, dit-on, aurait laissé une immense fortune à celui ou celle qui accepterait de rester dans une chapelle du cimetière, pendant toute une année, auprès de son cercueil de verre. A partir des années 1920, curieusement, la princesse russe se transforme en une riche héritière américaine, dûment nommée : Ruth Curtis.

Evidemment, ni la princesse russe ni Ruth Curtis n’existent, non plus que leur tombeau. Apparue dans la presse à la fin du XIXe siècle, l’affaire du cercueil de verre est donc un «canular», dont la dimension internationale témoigne de la viralité nouvelle de l’information. Bien qu’il ait été rapidement identifié comme tel, ce canular n’en a pas moins eu une belle postérité et une certaine efficacité : 63 individus, au moins, y ont cru suffisamment pour se renseigner auprès des services du cimetière du Père-Lachaise. Ainsi peut-on écrire une première histoire, qui est tout à la fois celle de la mondialisation d’une information (une princesse russe morte faisant une offre extraordinaire) et celle de la préservation de la distance entre un fait et sa réception (des individus désireux d’accepter cette offre tout en doutant un peu de sa réalité).

👉 L'intégralité de l'article de Sylvain Venayre est à lire dans l'appli Libé.

📷 Thekla Brauer, « Schneewittchen », vers 1900.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour votre passage

Manu Payet au théâtre de la Madeleine avec Emmanuel 2

  « Au fond, je suis fait pour raconter des histoires. » Alors il raconte,  @manupayet Avec précision et générosité. Son enfance à La Réunio...