Le prix Femina revient à «Triste tigre» (éditions P.O.L). Neige Sinno, qui succède à Claudie Hunzinger. Extrait de la critique parue en août dans Libé :
Avec quels mots et sur quelle tonalité entamer le récit des viols subis pendant sept ans de la part d’un beau-père ? Neige Sinno est une écrivaine douée d’une délicatesse et d’un volontarisme tels qu’elle ouvre son texte en mettant les pieds dans le plat sans les y poser complètement. Elle fait mine d’inviter le lecteur à suivre une conversation entamée avant son arrivée. Il est le bienvenu. Première phrase, donc, pour adoucir l’entrée dans cette boue : «Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c’est facile, on peut tous se mettre à leur place.» A plusieurs reprises, Neige Sinno précise qu’elle ne veut pas faire de l’art avec cette histoire. Bien qu’elle n’esthétise jamais son texte, il relève bien de la littérature, tant il est construit et écrit avec une acuité rare.
Avec l’humour parfois noir qui imprègne son écriture, Neige Sinno à la fin de son récit revient sur l’absence de témoignage des bourreaux : «Moi-même, si je voyais mon propre livre sur un étalage, je ne suis pas sûre que je serais intéressée. En revanche si mon beau-père écrivait un essai, je serais la première à le lire. Notre monde vu par les yeux d’un violeur d’enfant, oui c’est un texte dans lequel je voudrais me plonger.» Il faut lire bien sûr Triste Tigre, dont la profondeur et la finesse sont singulières. Avec une persévérance diffuse, il est question de «l’extrême violence sans violence que sont les abus» et du silence, possiblement meurtrier pour la victime, qu’impose le pouvoir du bourreau.
✍️ Virginie Bloch-Lainé
📷 Helene Bamberger / Opale
(Extraits articles de presse) Libération, le Monde, le Figaro, L'Equipe, Télérama, Première, AFP, Reuters, AP News
lundi 6 novembre 2023
Le prix Femina à Neige Sinno
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