C’est un trésor tissé de mots d’amour qui languissait dans un carton des Archives nationales britanniques. Un trésor de 104 lettres, jamais ouvertes depuis deux cent soixante-cinq ans – sauf trois. Un ruban blanc les unissait dans une même infortune ; un sceau rouge, de piètre qualité, signait leur origine modeste.
« Dès que j’ai soulevé le couvercle du carton, j’ai vu qu’il contenait des documents exceptionnels : trois piles de lettres encore cachetées, des écritures variées et raturées, des tampons de différents ports français… Mon cœur s’est accéléré, confie l’historien français Renaud Morieux. Lire ces lettres vieilles de plus de deux cent cinquante ans, pour la plupart jamais ouvertes, reste ma plus grande émotion d’historien. »
Ce chercheur de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) vient de dévoiler le contenu de ces missives, quinze ans après les avoir découvertes. Et voici comment : en 2008, ses recherches portaient sur les prisonniers de guerre. Dans ce cadre, il avait interrogé la base de données des archives anglaises de Kew, à l’ouest de Londres, ce qui l’a mené à ce carton.
Ces lettres, écrites en 1757 et 1758, s’adressaient en effet à des marins de la flotte française, partis affronter la Royal Navy et faits prisonniers. La guerre de Sept Ans (1756-1763) bat alors son plein. Elle oppose la France, alliée à l’Autriche, à la Grande-Bretagne, alliée à la Prusse – c’est la seconde coalition qui l’emportera, au terme d’un âpre et dévastateur conflit.
Photos : Les lettres, écrites en 1757 et 1758, avant d’être ouvertes et lues par l’historien Renaud Morieux, aux Archives nationales britanniques, à Kew (Royaume-Uni).
THE NATIONAL ARCHIVES / RENAUD MORIEUX
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