lundi 6 mai 2024

Mort de Bernard Pivot

 

La République des lettres vient de perdre son « Roi lire », une seconde fois. Déjà, en 2001, l’historien Pierre Nora qualifiait le départ de Bernard Pivot de la télévision de « deuil national ». Après vingt-huit ans à apostropher écrivains, artistes, politiques, sportifs ou chefs étoilés, ce « gratteur de têtes », comme il aimait se définir, refermait les guillemets d’une époque. Celle où les « bouillons de culture » mitonnés sans apprêt, pouvaient se déguster à des heures ouvrables ; où l’art de transmettre ne se confondait pas totalement avec promotion et où l’Audimat ne s’érigeait pas en diktat.
A 65 ans cependant, l’homme du « Dico d’or » était loin d’avoir dit son dernier mot. Une seconde vie de lecture et d’écriture débutait pour cet amateur éclairé de vins, de bonne chère et de ballon rond. Ou plutôt une seconde jeunesse pour ce touche-à-tout. Outre ses souvenirs et ses passions qu’il va égrener dans une vingtaine de livres, et sur la scène au théâtre, en 2004, l’ex-patron de Lire entre au jury Goncourt, avant de le présider, entre 2014 et 2019.
Comme si cela ne suffisait à étancher sa soif de curiosité, Bernard Pivot se lance en 2012 sur Twitter. La contrainte des 140 signes ne pouvait que séduire cet adepte de calembours et d’aphorismes. Ses « gazouillis » vont séduire plusieurs centaines de milliers d’abonnés de tous âges, dont les plus jeunes ignoraient tout de l’animateur d’« Apostrophes » (1975-1990) et de « Bouillon de culture » (1991-2001). Le compte du « Twittos de la langue française » va désormais rester muet. Bernard Pivot est mort lundi 6 mai à Neuilly-sur-Seine, à l’âge de 89 ans, a annoncé sa fille Cécile Pivot à l’Agence France-Presse (AFP).

Photo : Bernard Pivot, alors président du jury de la société littéraire de l’Académie Goncourt, à Lyon, le 3 mars 2016. JEFF PACHOUD / AFP

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