dimanche 23 juin 2024

En Inde des villages meurent de soif pour faire boire Bombay

 

"Les habitants de Bombay boivent notre eau", accuse Sunita Pandurang Satgirune, dont le village meurt de soif à une centaine de kilomètres de la capitale économique de l'Inde. Un lourd pot rempli d'eau nauséabonde sur la tête, la villageoise de 35 ans affirme passer jusqu'à six heures par jour, au plus fort de l'été, à aller s'approvisionner en eau. "Les habitants de Bombay boivent notre eau, mais personne, y compris le gouvernement, ne s'intéresse à nous ou à nos demandes", fustige-t-elle encore. La mégapole de l'ouest du pays est alimentée par une immense infrastructure de réservoirs reliés par des canaux et des canalisations sur une centaine de kilomètres. Selon des experts, en raison d'un défaut de planification, le réseau n'est souvent pas relié aux centaines de villages de la région et des districts voisins, qui dépendent donc des puits traditionnels. Or la demande est largement supérieure aux maigres ressources. Dans le pays le plus peuplé du monde, avec plus de 1,4 milliard d'habitants, le niveau des nappes phréatiques diminue, le changement climatique entraînant des précipitations irrégulières et des sécheresses plus intenses et plus longues. Les puits s'assèchent rapidement sous l'effet de la chaleur extrême. Cette année, les températures ont dépassé les 45°C. Quand son puits est à sec, Navinwadi doit compter sur un camion-citerne du gouvernement, avec un approvisionnement irrégulier, deux ou trois fois par semaine. L'eau livrée est en outre non traitée : elle provient d'une rivière où les gens se lavent et où vagabondent les animaux. La cheffe adjointe du village, Rupali Bhaskar Sadgir, 26 ans, affirme que les habitants sont souvent malades à cause de l'eau. Les autorités gouvernementales, tant au niveau de l'Etat qu'à New Delhi, se déclarent déterminées à s'attaquer au problème et ont annoncé à plusieurs reprises des programmes visant à résoudre la crise de l'eau. Toutefois, pour l'instant "rien n'a changé" pour les villageois, s'insurge encore Sunita Pandurang.

📷 @indrapix

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