dimanche 16 juin 2024

"Ce poing levé c'était mon pouvoir d'athlète"

 

La légende noire américaine des JO de Mexico 1968, l’homme en colère au poing levé, vient de débarquer à Paris et même s’il assure ne jamais souffrir de jetlag, le colosse est fragile. Son diabète a empiré cet hiver, il a fallu amputer tous les orteils de son pied gauche. L’ancien sprinter –80 ans et près de 2 mètres – circule dans un fauteuil motorisé, relativement mal nommé «Go-Go» puisqu’il refuse de démarrer. A un mois et demi des JO, @liberationfr a embarqué dans la caravane du «Tommie Smith Tour», trois jours entre Paris et Eaubonne, dans le Val-d’Oise.
«Je milite toujours madame. Jusqu’à ce jour je milite», lance Smith. Sa voix, rigolarde jusque-là, vacille un bref instant. Dans son dos, immense, la photo du 16 octobre 1968. «Avec John Carlos, on s’est parlé avant la course. Il fallait qu’on gagne cette course pour pouvoir dire quelque chose mais on ne savait pas quoi et comment», raconte Smith. Médaillé d’or du 200m et premier homme à passer sous la barre des 20 secondes, il décide de brandir son poing droit ganté de noir pour dénoncer l’oppression des noirs américains. Tête baissée pour ne pas saluer la bannière étoilée, en chaussettes sur le podium. Un va-nu-pieds comme ses onze frères et sœurs nés au Texas, passés par les champs de coton et les plantations. Carlos, médaillé de bronze, a pris le gant gauche pour imiter le geste de Smith. L’irruption du Black Power dans l’enceinte olympique livre ce qui va devenir l’une des images les plus fortes du XXe siècle. «Je suis allé aux JO pour remporter une course, pas pour faire ça. Mais pour pouvoir le faire, il fallait gagner. Cette victoire indiquait que le monde devait se rassembler pour produire une pensée contre le racisme ; mais mon geste était le fruit d’une réflexion personnelle, dit l’ancien sportif. C’était mon pouvoir d’athlète.»

👉 L'intégralité de la rencontre, par Laure Bretton, est à lire dans l'appli Libé

📷 @denisallard

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