J’ai encore ces breloques en travers du gosier. L’autre jour, je traînais les enfants sous la pluie, de retour d’une manif, me sentant coupable d’imposer ce choix militant et humide à ma progéniture, quand nous sommes passés devant l’antre du démon. La boutique d’une chaîne « accessoires, beauté, bijoux, cheveux » dont l’enseigne peuple les centres-villes et les galeries commerciales. Tout y semble bon marché, brillant, pas indispensable – barrettes, boucles d’oreilles, faux ongles… Mais c’est irrésistible. Surtout quand on a 9 ans. Ma fille et sa copine ont fait des yeux de chaton triste. J’ai cédé. Elles se sont ruées sur des serre-tête de princesse de pacotille. Pas en reste, mon fils en a choisi un à feuilles de laurier dorées, proche de la couronne de Jules César dans Astérix. C’est alors que la vendeuse a signalé une promotion qui devait rendre des élastiques à cheveux gratuits si un dernier article était choisi. Le gouffre du dépassement des limites planétaires s’ouvrait un peu plus sous mes pieds.
Le maléfice a été rompu en caisse : il y a en avait pour plusieurs dizaines d’euros d’objets en plastique et en métal, de mauvaise qualité, fabriqués à l’autre bout du monde, parfaitement inutiles. Un réflexe d’autodéfense l’a emporté sur la bienséance. J’ai crié : « C’est beaucoup trop cher pour ce que c’est ! On repose tout et on y va ! »
Je ne suis pas la seule à ronger mon frein face à ces consommateurs en herbe dont les envies, pulsionnelles, sont incompatibles avec nos efforts, même modestes, de sobriété....
Illustration : María Medem
(Extraits articles de presse) Libération, le Monde, le Figaro, L'Equipe, Télérama, Première, AFP, Reuters, AP News
mardi 18 juin 2024
Nos enfants-consommateurs vont-ils ruinés nos efforts pour ralentir le dérèglement climatique ?
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