«Je ne souhaite pas que dans trois semaines on puisse “casser du PD” avec l’extrême droite, ou casser des abris de bus avec l’extrême gauche» : tels sont les mots écrits par Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, dans un tweet sur X, le 13 juin (tweet par la suite supprimé). Quand les vitres des Abribus sont brisées, ces brisures sont indolores. Duplicables à l’envi, les vitres des Abribus sont remplaçables. Quand les vies des personnes LGBTQI + sont brisées, ces fêlures sont faites de sang et de douleur, et elles mènent parfois, bien trop souvent encore, à la mort. Uniques, nos vies sont irremplaçables.
Non, madame Sarah El Haïry, nous ne sommes pas des Abribus : nos cœurs battent, respirent, aiment.
Madame la ministre déléguée, les comparaisons exigent une rigueur implacable, sous peine d’être intellectuellement malhonnêtes, voire délétères ou parfois même offensantes. On ne peut pas niveler à souhait n’importe quel comparant et n’importe quel comparé. Cette comparaison, visant à nous instrumentaliser à des fins purement électoralistes, met au jour l’ampleur du cynisme politique qui la guide. Le cynisme propre à des personnes souvent prêtes à tout pour gagner, même à trahir les leurs en pratiquant l’offense. Or, pour nous, personnes queers – qui avons trop souvent dû nous forger dans le rejet, la haine et la violence structurelles depuis la cour d’école –, c’est une comparaison de l’ordre du crachat.
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✍️ @julien_marsay, auteur de "La revanche des autrices" (éditions Payot) et créateur des comptes X et Instagram "Autrices invisibilisées"
📸 Xose Bouzas/Hans Lucas via AFP
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