Installée sur la terrasse de sa maison au standing ultramoderne en périphérie de Bruxelles, dans une commune tenue secrète par souci de discrétion, Sonia Verstappen met les petits plats dans les grands en ce début d’après-midi. Cette ancienne travailleuse du sexe de 71 ans, aujourd’hui à la retraite, apporte le plateau de fromages et semble prête à déboucher le rosé ou le champagne. Un apéro avant l’heure. Comme s’il y avait quelque chose à fêter.
Le 1er juin 2022, la Belgique est devenue le premier pays européen et le deuxième au monde, après la Nouvelle-Zélande en 2003, à décriminaliser la prostitution.
Une pratique jusqu’alors tolérée, mais officiellement interdite.
La fin d’une zone grise pour les quelque 6 000 travailleurs du sexe du royaume – un chiffre approximatif et impossible à vérifier –, dont a fait partie Sonia Verstappen pendant ses trente-huit années de « putanat », dit-elle avec le sourire, fière de sa formule.
Visage poudré et silhouette entièrement vêtue de noir, la septuagénaire est l’une des cofondateurs d’Utsopi, le premier collectif de travailleurs du sexe du pays créé en 2015.
Visage poudré et silhouette entièrement vêtue de noir, la septuagénaire est l’une des cofondateurs d’Utsopi, le premier collectif de travailleurs du sexe du pays créé en 2015.
Avec l’objectif d’obtenir un statut social pour ces professionnels.
C’est désormais chose faite. La loi leur confère à présent des droits sociaux, au même titre que n’importe quel indépendant : assurance-maladie, congé maternité, assurance-chômage, etc.
Du moins, en théorie.
Car, un an après l’adoption de la loi, la réalité du terrain demeure compliquée.
Photo : Sonia Verstappen chez elle, dans la banlieue de Bruxelles, le 26 mai 2023. @gaelturine #PourMLeMagazineDuMonde @m_magazine
Photo : Sonia Verstappen chez elle, dans la banlieue de Bruxelles, le 26 mai 2023. @gaelturine #PourMLeMagazineDuMonde @m_magazine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre passage