dimanche 14 mai 2023

Fanny Kemble une autre lecture de l'esclavage

 

Sur les quelque 10 millions d’hommes et de femmes qui ont été réduits en esclavage aux Etats-Unis sur deux siècles et demi, 100 à 150 ont laissé des écrits autobiographiques. Il y a par contre très peu de récits produits par des Blancs. Et d’ailleurs, quelle légitimité aurait un propriétaire ou un contremaître pour témoigner de cette réalité ?

Le «Journal 1838-1839» n’a été écrit ni par un maître ni par un esclave. Son auteure, Fanny Kemble, est une jeune Anglaise qui se marie en 1834 avec Pierce Butler, un Américain de Philadelphie… avant de découvrir qu’elle est devenue l’épouse d’un des plus importants propriétaires d’esclaves des Etats-Unis.

La jeune femme n’est ni une évaporée ni une oie blanche. Elle appartient à une illustre famille d’acteurs shakespeariens, elle a publié, avec succès, un Journal de résidence en Amérique et, quand elle arrive aux Etats-Unis, elle est déjà abolitionniste. Deux ans après son mariage, elle séjournera quatre mois dans une plantation de riz et de coton sur la côte de Géorgie, avec son mari et ses deux petites filles âgées de 6 mois et 2 ans. Sans surprise, la fin de ce séjour signera aussi celle de son mariage. Entretemps, elle aura tenu son Journal, un texte à l’écriture étonnamment moderne qui montre beaucoup d’intelligence, de sensibilité et ce qu’on appellerait aujourd’hui une conscience politique. Pour la première fois traduit en français, il fait une description glaçante de la cruauté et du cynisme des propriétaires, de l’atroce condition des hommes, femmes et enfants esclaves sur ces plantations.

Soyons clairs : Fanny Kemble ne subit pas l’esclavage et son récit ne remplacera pas le témoignage d’un esclave. Mais il le complète, il en donne une image en miroir. Et surtout, ce qu’elle écrit est à la fois une divulgation et une reconnaissance de ce qui est subi par les millions de victimes de ce système. Puisqu’à l’époque, lorsqu’un esclave décrit les punitions, tortures et autres exactions qu’il endure, sa parole est systématiquement niée, annulée.

👉 L'intégralité de l'article de Natalie Levisalles est à lire dans l'appli Libé

📷 Fanny Kemble, gravure de 1873. @bridgemanimages

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