La deuxième partie de la compétition cannoise est prise d’assaut par la « squadra » italienne.
Après Marco Bellocchio (L’Enlèvement), mardi 23 mai, et avant Alice Rohrwacher (La Chimère), vendredi, c’est au tour de Nanni Moretti, compagnon fraternel des cinéphiles français, figure générationnelle, rageuse à souhait, des lendemains qui déchantent et des idéaux qui se ramassent, de se lancer en piste avec Vers un avenir radieux. Après la bifurcation amère, pour ne pas dire sardonique, de Tre piani (2021), le cinéaste en revient au code génétique qui définit sa nature d’artiste, entre colère et mélancolie, journal intime et tourments collectifs.
A 69 ans, face à un monde global qui inquiète et devant un monde du cinéma qui semble trembler sur ses bases, Moretti s’offre une nouvelle composition de double artistique en incarnant un cinéaste au travail et donne ici l’impression de commencer à soigner sa sortie. Giovanni, le personnage qu’il interprète, tourne un film de fiction sur l’arrivée d’un cirque hongrois à Rome, accueilli par Ennio (Silvio Orlando), le secrétaire de la cellule Antonio-Gramsci, alors qu’au même moment, l’Union soviétique écrase dans le sang l’insurrection hongroise de 1956. L’occasion d’évoquer le tournant historique du Parti communiste italien, l’un des plus puissants d’Europe, lequel, seul en son genre, prend alors ses distances avec Moscou.
L’« avenir radieux » que lui réserve cette décision courageuse trouve un écho dans une réunion de préparation de l’équipe du film, au cours de laquelle un trentenaire semble ignorer que le communisme, cantonné pour lui à la Russie, ait jamais atteint la Péninsule. Giovanni, quant à lui, va très vite avoir des points plus urgents à régler que la connaissance, même rudimentaire, de l’histoire de son pays par la jeunesse contemporaine.
Photo : Le réalisateur italien Nanni Moretti, à Cannes, le 24 mai 2023.
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