Trois heures et demie de machines à coudre et d’ores et déjà une potentielle palme d’or si l’on veut bien imaginer un improbable alignement de planètes voyant un jury mené par Ruben Ostlund prendre fait et cause à notre diapason pour ce nouveau chef-d’œuvre de Wang Bing (révélé par la fresque A l’ouest des rails en 2003 avant que ne suivent notamment les Trois Sœurs du Yunnan, A la folie, Argent amer…). Avec ce film tourné à Zhili, dans la province de Shanghai, entre 2014 et 2019, avant donc que n’explose la pandémie de Covid, le cinéaste à la maestria incomparable d’observateur en alerte chronique la vie des jeunes ouvriers migrants, venus des campagnes, qui fournissent la main-d’œuvre de milliers d’ateliers de confection de vêtements, principalement destinés au marché intérieur.
Contrairement au système quasi militaire des giga-usines aux salariés en uniforme, ici les employés se répartissent en milliers de structures autonomes, des unités de travail d’une vingtaine de couturiers, garçons et filles, payés à la tâche dans des entreprises généralement familiales où le patron et sa femme s’activent non pas dans des bureaux inaccessibles mais dans le même espace d’un labeur sous tension où il faut faire du chiffre dans un temps restreint car la saison s’arrête avec les fortes chaleurs.
La critique complète de Jeunesse par Didier Péron est dans le cahier Cannes de ce vendredi, et sur le site de Libé (story Cannes à la une)
@martincolombet
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