Le mot sonne comme une détonation. Selon le ministre de l’intérieur, les « modes opératoires » d’une partie des opposants les plus violents à l’installation de mégabassines qui ont participé à la manifestation interdite à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, le 29 octobre 2022, « relev[aient] de l’écoterrorisme ». L’expression vise la disqualification. La formulation, la criminalisation. C’est en tout cas l’arme sémantique choisie par Gérald Darmanin pour caractériser une certaine forme de radicalité écologiste.
Le terme d’ « écoterrorisme » est à la fois « outrancier et non fondé juridiquement », explique Philippe Subra, géographe et spécialiste des conflits d’aménagement du territoire. Outrancier, car « saboter une canalisation, ce n’est pas poser une bombe dans le métro, bombarder un hôpital ou tirer à la Kalachnikov sur des gens à la terrasse d’un café. Ou alors les mots n’ont plus aucun sens ». Même le fait de lancer un cocktail Molotov sur un gendarme mobile ne peut pas être, selon lui, qualifié juridiquement de « terrorisme », car il s’agit d’une violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. « C’est un acte grave, sévèrement puni par la loi, mais ce n’est pas du terrorisme », indique-t-il.
Photo : Manifestant lors d’un rassemblement contre la construction d’une réserve d’eau pour l’irrigation agricole, à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le 25 mars 2023.
THIBAUD MORITZ/AFP
(Extraits articles de presse) Libération, le Monde, le Figaro, L'Equipe, Télérama, Première, AFP, Reuters, AP News
lundi 22 mai 2023
L' "écoterrorisme" un terme politique pour discréditer la radicalité écologique
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