Des dizaines de drapeaux ukrainiens flottent au vent près de la petite chapelle, à demi détruite. Au cimetière de Tchernihiv, dans le nord de l’Ukraine, les combattants morts au front sont enterrés le long d’une grande allée au nom en forme d’hommage : « avenue des Héros ». Ce matin de février, Natalia Lysenko, une notaire de 52 ans, est venue se recueillir sur la tombe de son fils, Guiorgui, tué à Bakhmout trois mois plus tôt, à l’âge de 27 ans. Un supérieur militaire lui a appris la nouvelle par téléphone.
Le discours est désormais rodé : « Il est mort. Soyez fière de lui, car c’est un héros. » Blessé trois fois pendant son service, le jeune homme avait refusé de rentrer, malgré les supplications de ses proches. Il recevra bientôt la médaille de Héros de l’Ukraine – la plus haute distinction – à titre posthume. Pour sa mère, cela ne représente pas grand-chose. « Je préférerais qu’il soit vivant plutôt que d’avoir une médaille, sanglote-t-elle. Mais lui aurait été heureux de la recevoir, et ça compte aussi pour son petit frère, alors j’irai la récupérer malgré tout. »
Depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022, l’Ukraine offre au monde entier le visage d’une nation héroïque et unie face à Moscou. A l’étranger, cette résistance massive force d’autant plus l’admiration que personne n’imaginait le pays capable de tenir face au rouleau compresseur russe. Le 8 février 2023, dans les salons de l’Elysée, à Paris, c’est ainsi pour rendre hommage au « peuple ukrainien » – et non à un seul homme – qu’Emmanuel Macron a remis la Légion d’honneur à Volodymyr Zelensky. « C’est trop pour moi, a commenté le chef de l’Etat ukrainien. C’est pour cela que nous l’attribuons, le président et moi, à tout le peuple. » Le héros, aujourd’hui, c’est la population tout entière.
Photo : @kasia_strek / PANOS PICTURES #pourlemonde
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre passage