Jeudi matin, bien avant l’aube, Ahmed K. s’est rendu sur la plage à l’ouest de la ville de Gaza. Comme les milliers de personnes rassemblées là, il a attendu patiemment au bord d’un de nombreux braséros allumés pour se réchauffer dans une ville totalement privée d’électricité. «On attendait une trentaine de camions d’aide», explique en anglais ce réalisateur gazaoui de 37 ans, père de deux filles, qui peine à survivre avec sa femme et ses parents depuis près de cinq mois. «Trente camions d’aide, ce n’est pas beaucoup, précise-t-il au téléphone d’une voix éteinte. Mais comparé aux deux ou trois qui arrivaient tous les deux jours ces derniers temps, c’était un grand progrès. Il y avait des gens de tout le nord et du centre de Gaza, le bouche-à-oreille est la seule chose qu’il nous reste.» Quelques minutes plus tard, Ahmed s’est retrouvé au milieu des balles, sans comprendre pourquoi. Depuis le haut de l’immeuble où il arrive encore à décrocher un peu de réseau, le vent souffle dans le combiné et comble les silences de celui qui avoue ne pas savoir comment il a survécu. Selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas, 115 personnes ont été tuées par des tirs israéliens lors de cette distribution d’aide qui a viré au cauchemar. Tsahal s’est défendu en reconnaissant des «tirs limités» de soldats qui se sentaient menacés, et assure qu’une grande partie des tués l’ont été dans une bousculade. La communauté internationale a vivement réagi, entre condamnations et demandes d’une «enquête approfondie» par les plus proches alliés d’Israël, Etats-Unis en tête. Washington a par ailleurs commencé des largages aériens de colis alimentaires ce samedi pour répondre au risque de famine, bien que cela reste largement insuffisant.
✍ Benjamin Delille
👉 Témoignage à lire en intégralité dans l'appli Libé
📷 @reuters
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre passage