Dimanche 24 mars au soir, ils n’ont pas attendu la confirmation des premières tendances. Après la rupture du jeûne, les partisans de l’opposant Bassirou Diomaye Faye sont sortis en masse, spontanément, dans les rues de Dakar. Persuadés de sa victoire – donc de leur victoire – dès le premier tour du scrutin. «J’ai d’abord entendu des klaxons aux abords de chez moi, et dès que j’ai compris ce qui se passait, j’ai sauté dans ma voiture pour rejoindre le quartier général du Pastef [le parti de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, ndlr]», raconte Papa Mallé Cissé, 26 ans. Sur la route, il a croisé des hordes de scooters survoltés et des coureurs qui agitaient des balais au-dessus de leurs têtes – avertissement symbolique à l’intention du gouvernement sortant.
«J’avais confiance pour que nous passions au deuxième tour, mais là, cette large avance dépasse toutes nos espérances», exulte cet ingénieur civil. Les tendances sont encore fragiles mais rien ne peut gâcher la fête. Autour de lui, dans la cour ouverte du QG, des sympathisants se tombent dans les bras, des femmes chantent en l’honneur du leader du Pastef, Ousmane Sonko (dont la candidature avait été rejetée par le Conseil constitutionnel), tandis qu’un homme fait onduler un drapeau sénégalais dont la dimension, impressionnante, se veut à la hauteur de l’événement. «Reste à sécuriser le vote», souligne toutefois une petite voix dans la mêlée.
«J’ai fait le tour du pays avec Bassirou Diomaye Faye, la mobilisation était inédite, les gens pouvaient attendre des heures, sous le soleil, en plein ramadan, pour le voir, retrace Aïssatou Kanté, croisée au QG du Pastef. Pour nous, c’était clair que quelque chose était en train de se passer.» Devant le siège du parti, une foule compacte et en liesse espère la venue des deux leaders.
👉 L’intégralité du reportage de Théo du Couëdic et Célian Macé est à lire dans l’appli Libé, lien en story
📷 Carmen Abd Ali / @afpphoto
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