jeudi 29 février 2024

Des soldats Israéliens mettent en scène leurs exactions sur les réseaux sociaux

 

Il y a les humiliations, l’étalage de mépris pour les habitants de Gaza. Comme ces soldats qui s’amusent à faire du vélo dans les ruines d’un quartier pulvérisé par les bombardements, celui-là, qui s’esclaffe en tapant sur le clavier d’un ordinateur sans âge dans une école ravagée, ou bien ces autres militaires installés au domicile d’un particulier, qui singent un rendez-vous galant avec une Palestinienne incarnée par une poupée.
Il y a aussi les mises en scène de victoire, bravaches, montrant les immenses destructions causées aux infrastructures civiles, comme celle où des fantassins arborent un drapeau israélien sur le toit d’un immeuble, filmés en zoom arrière, dévoilant un océan de ruines pâles et fumantes. Il y a enfin les moments de pur vandalisme, comme ces troupes qui se plaisent à saccager et à dynamiter une mosquée vide, ne présentant aucun danger. Ou bien ce soldat passant derrière le comptoir d’une échoppe pour casser les rares marchandises qui y restent.
Toutes ces vidéos ont été postées sur des réseaux sociaux – avec une préférence pour TikTok, qui censure moins les images que Facebook, X ou Instagram – par les forces israéliennes déployées dans la bande de Gaza. Ce flot incessant d’images témoigne du sentiment d’impunité qui anime les soldats en opération dans Gaza et d’une forme de déshumanisation de la population palestinienne.

Photo : @GudsNen / @ytirawi / @MUHAMMADSHEHAD2 sur X 

104 Palestiniens tués lors d'une distribution d'aide humanitaire

 

La distribution d’une aide humanitaire aux réfugiés gazaouis a tourné au chaos. Ce jeudi 29 février, l’armée israélienne a tué 104 Palestiniens qui se ruaient sur des camions d’aide humanitaire à Gaza, a annoncé le Hamas, dénonçant un «massacre». Des sources israéliennes ont confirmé ces tirs à balles réelles dans la journée, précisant que les soldats se sont sentis «menacés». Tout en rejetant la responsabilité de l’armée dans la lourdeur de ce bilan, Tsahal évoquant sur X par ailleurs des «dizaines de morts et de blessés car piétinés ou écrasés par les camions». La guerre entre Israël et le mouvement islamiste a déjà fait plus de 30 000 morts – un chiffre probablement sous-estimé – dans l’enclave palestinienne.

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📸 AP

La une de Libération du vendredi 1er mars 2024

«Souveraineté alimentaire» : une appellation incontrôlée
◾ La chute de Gérard Miller, le psy préféré de la gauche

La une de @liberationfr ce vendredi
📸 @martincolombet

 

Les violeurs d'enfants seront castrés chimiquement à Madagascar

 

Madagascar est désormais l’un des pays les plus répressifs au monde contre les violeurs d’enfants. Vendredi 23 février, dans une décision qui n’est pas susceptible de recours, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) de la Grande île a estimé qu’il était nécessaire d’instaurer la castration chirurgicale des auteurs de viols contre des mineurs. La sanction doit désormais être « toujours » prononcée dès lors que l’enfant a moins de 10 ans et sera laissée à l’appréciation des juges pour les victimes plus âgées.
Saisis pour examiner la conformité du projet de loi adopté début février par le Parlement, les magistrats sont allés au-delà de la sévérité voulue par le président de la République, Andry Rajoelina. Le texte soumis prévoyait d’introduire dans le code pénal une peine de castration chimique ou chirurgicale. Jusqu’à présent, les auteurs de viols sur mineur de moins de 15 ans étaient passibles de peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à la perpétuité. Une sentence toutefois rarement infligée.
Mais la HCC a jugé contraire à l’objectif de la loi de conserver la gradation des peines selon l’âge des victimes. « La castration chimique ayant un caractère temporaire et réversible », elle entre en contradiction avec la volonté de « neutraliser définitivement les prédateurs sexuels et de diminuer le risque de récidive ». La ministre de la justice, Landy Randriamanantenasoa, qui avait justifié l’initiative du gouvernement par la nécessité de lutter contre la recrudescence des viols, n’a pas réagi à la décision de la HCC.

Photo : Une affiche de l’ONG Nifin’Akanga contre le viol et la pédocriminalité, dans une rue d’Antananarivo, en juillet 2023. Nifin’Akanga

Vote historique au Sénat pour l'inscription de l'IVG dans la constitution

 

Une vive émotion parcourt les travées de l’hémicycle du Sénat. Ce mercredi 28 février marque une « nouvelle page du droit des femmes », clame le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti. Debout, les élus de gauche applaudissent. La droite se fait discrète. Le Sénat vient d’adopter le projet de loi qui vise à inscrire à l’article 34 de la Constitution que « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse [IVG] ».
Un vote historique qui ouvre la voie à la réunion du Parlement en Congrès, à Versailles, où une majorité des trois cinquièmes sera nécessaire pour inscrire ce droit de recourir à l’avortement dans la Constitution. Immédiatement, Emmanuel Macron se fend d’un message sur X pour confirmer la tenue du Congrès, lundi 4 mars : « Je me suis engagé à rendre irréversible la liberté des femmes de recourir à l’IVG en l’inscrivant dans la Constitution. Après l’Assemblée nationale, le Sénat fait un pas décisif dont je me félicite. »
C’est l’aboutissement d’un chemin parlementaire qui avait été engagé le 24 novembre 2022, avec le vote à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi portée par Mathilde Panot, la présidente du groupe La France insoumise (LFI). Un texte en réaction à l’onde de choc provoquée par la décision de la Cour suprême américaine de révoquer le droit fédéral à l’avortement, le 24 juin 2022.

Photo : Le Sénat avant le vote sur l’inscription de l’IVG dans la Constitution, à Paris, le 28 février 2024. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Une britannique s'arrache elle même douze dents

 

Au début, on a pensé à un canular, tant l’histoire de Caroline Pursey, 63 ans, paraissait irréelle. Pourtant, rapportée par la chaîne ITV News le 7 février dernier, elle illustre une triste réalité britannique : l’accès déplorable de sa population aux soins dentaires. Cette habitante de Scunthorpe, dans le nord-est de l’Angleterre, a expliqué que, à la suite de graves problèmes dentaires et faute d’accès à un dentiste du NHS (le service de santé public, quasi gratuit), elle avait dû s’arracher elle-même douze dents à la tenaille, n’ayant pas les moyens d’aller dans un cabinet privé. « On m’a dit qu’il y avait trois ans d’attente », a-t-elle témoigné.
Confrontée à ce cas extrême par une journaliste d’ITV News, la ministre de la santé, Victoria Atkins, a répondu que « quelqu’un dans un tel état de souffrance doit savoir qu’il peut se rendre aux urgences de son hôpital pour obtenir de l’aide ». Un conseil aussitôt réfuté sur les réseaux sociaux, où professionnels comme citoyens ordinaires se sont empressés d’expliquer que les urgences hospitalières ne comptent pas de dentistes et que les malades sont renvoyés chez eux avec un antidouleur et le conseil de contacter… un cabinet dentaire.
Arracher ses dents soi-même : comment peut-on en arriver à une telle extrémité dans un pays riche, membre du G7 ? Le NHS traverse une crise profonde. Fondé en 1948 sur un principe généreux (l’accès gratuit et égal de tous les Britanniques à la santé), ce service public est victime de quatorze années de sous-investissements depuis l’arrivée des conservateurs au pouvoir, et de décisions peu judicieuses prises avant eux par les travaillistes. Manque criant de médecins, d’infirmiers ou d’ambulanciers, manque de matériel, infrastructures vieillissantes : plus de 7 millions de Britanniques sont sur liste d’attente pour des soins ou des opérations.

Photos : CAPTURE D’ECRAN DAILYMOTION @ITN

L'image ravageuse d'un iman qui chante une sourate au parlement Belge

 

En qamis et couvre-chef traditionnel, l’imam s’installe au perchoir de l’assemblée élue et se met à psalmodier une sourate du Coran durant plus de trois minutes. La scène est inédite dans un pays européen. Elle s’est déroulée le 13 janvier au Parlement régional de Bruxelles-Capitale, mais n’a été révélée qu’un mois plus tard, quand l’imam pakistanais Muhammad Ansar Butt en a lui-même posté une vidéo. Relayées par un élu nationaliste flamand, les images ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, alors que la Belgique se prépare à se rendre aux urnes le 9 juin pour les élections législatives fédérales.
Une « séquence regrettable », a réagi lors d’une séance publique au Parlement, le 23 février, la secrétaire d’Etat socialiste Nawal Ben Hamou, chargée notamment de l’égalité des chances dans le gouvernement de Bruxelles, et qui était présente lors des faits. Au cœur de la polémique déclenchée par cette vidéo qui embarrasse son parti et la région, l’élue de 36 ans dit désormais qu’elle a « été induite en erreur ». Selon elle, c’est un membre de sa propre formation politique, Hasan Koyuncu, député régional d’origine turque, qui l’aurait attirée dans « le piège ».
C’est lui qui a organisé la visite dans l’hémicycle d’un groupe de quatre-vingts personnes leur proposant de réaliser avec la secrétaire d’Etat quelques photos pour marquer l’événement somme toute banal : l’assemblée reçoit chaque année quelque dix mille hôtes. Sauf que la visite s’est rapidement muée en une obscure cérémonie de remise de prix. Une association confidentielle, Friends of Europe, voulait, selon ses ­dirigeants, récompenser des citoyens méritants et créatifs. Au premier rang desquels l’imam pakistanais, pourtant présenté par l’opposition libérale francophone comme un fondamentaliste, surtout connu pour ses connexions avec les épiceries de nuit pakistanaises dans la capitale belge.

Photo : Capture d’écran Twitter

La chute de "divan le terrible"

 

Gérard Miller : visé par une cinquantaine de femmes, l’hypermédiatique psychanalyste vient de démissionner de toutes ses activités liées à sa profession première. Dans l’entourage du thérapeute mondain, on oscille entre sidération et souvenirs de vieilles rumeurs.
Gérard Miller écrit à son entourage, beaucoup, entre fin janvier et mi-février. A toutes ses sphères – la médiatique, la politique, la psychanalytique. Aréopage mondain et hétéroclite, à son image. Ceux de la télé et de la radio, qu’il a côtoyés chez Michel Drucker ou croisés à France Inter, ceux de la fameuse bande emmenée par Laurent Ruquier. Et puis une partie de la gauche – des insoumis, des écolos – et des psys, des lacaniens comme lui. Une frénésie de mails pour se défendre, pour s’expliquer, pour se justifier. Le 30 janvier, dans un courriel intitulé «Pour information», le célèbre psy-documentariste-chroniqueur multicartes (y compris, un temps, chez Libé), ex-maoïste toujours dandy portant beau ses 75 ans, informe son premier cercle que le magazine Elle va publier un article le concernant. Il y sera «accusé d’agressions sexuelles sous hypnose, même d’un viol».
Le 6 février, Mediapart publie le témoignage de dix autres femmes. Gérard Miller pond un nouveau mail, destiné à un cercle plus élargi. Un texte de six pages sous forme d’analyse comportementale de «la génération d’hommes à laquelle il appartient», lui qui a eu «20 ans en 1968» précise-t-il, comme pour souligner en creux ce que cette distinction autoriserait de dérives libertaires. Il se félicite du mouvement MeToo, «véritable révolution» qui aurait enfin fait prendre conscience aux hommes – et a fortiori aux «hommes de pouvoir» comme lui – qu’on ne pouvait pas faire n’importe quoi. Néanmoins, Miller nie en bloc, à ce moment-là et encore aujourd’hui, avoir forcé la moindre femme à des gestes non consentis.

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📸 Martin Colombet @martincolombet
✍️ Charlotte Chaffanjon

30,000 Palestiniens tués dans la bande Gaza

 

Plus de 30 000 morts, dont deux tiers de femmes et d’enfants. C’est le bilan de plus de quatre mois et demi de guerre israélienne contre la bande de Gaza, depuis les attaques terroristes perpétrées par le Hamas sur le territoire de l’Etat hébreu le 7 octobre. Ce chiffre, communiqué jeudi 29 février par le ministère de la Santé à Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste, est probablement sous-estimé car il exclut les personnes décédées hors des hôpitaux, qu’elles aient été enterrées de manière précipitée ou soient toujours ensevelies sous les décombres. Mais l’hécatombe se déroule à huis clos, en raison du blocus sur l’information imposé par Israël, qui empêche le passage des journalistes dans l’enclave palestinienne, et les tragédies individuelles derrière chaque décès s’estompent dans le brouillard des statistiques. Histoire de mettre des visages sur les chiffres, de rappeler qu’avant le 7 octobre, les Gazaouis allaient à l’école, se produisaient sur scène, travaillaient à l’hôpital, vivaient des vies «normales», même sous cloche, @Liberationfr dresse le portrait de cinq des victimes de l’offensive israélienne. Cinq seulement sur 30 000.

👉 L'intégralité des portraits par Samuel Ravier-Regnat est à lire dans l'appli Libé


📷 @afpphoto

Le portrait de Manu Payet

 

Le comédien-animateur-réalisateur de 48 ans revendique son identité créole et son statut de «daron» nostalgique.
Il faut parvenir à l’attraper. Physiquement. A le suivre. Verbalement. Ne pas le laisser partir trop loin dans le délire au risque de métamorphoser l’entretien en un sketch XXL. @manupayet s’agite en permanence. Une intranquillité joyeuse doublée d’une hyperactivité qui se traduit par un emploi du temps diabolique entre un tournage pour une série Netflix, une tournée avec son hilarant seul en scène Emmanuel 2 et quelques séquences de doublage pour le prochain épisode du film d’animation Kung-Fu Panda. Il débarque dans une chambre de l’hôtel Bowmann situé à quelques mètres de chez lui, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Hôtel dans lequel il a atterri une nuit alors qu’il avait oublié ses clés et qu’il n’a pas osé réveiller sa femme. La déconvenue lui a permis de sympathiser avec le patron. Il est comme ça, Manu Payet. Un mec avenant avec qui on a envie de boire un coup, de passer une soirée à rire de nos travers. Bavard et bouillonnant, il en oublie d’ailleurs son entorse à la cheville, pendant que nous, nous observons son corps nous raconter son histoire.

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📸 @MartinColombet
✍️ Eva Roque

L'urgence humanitaire question vital à Gaza

 

A Gaza, l’urgence humanitaire est d’autant plus critique que le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, continue de menacer d’une offensive terrestre sur Rafah, estimant que cela permettrait d’obtenir «une victoire totale» sur le Hamas en quelques semaines. La perspective d’une opération contre la ville surpeuplée ne terrorise pas que les Gazaouis, dont certains ont commencé à remonter vers Deir el-Balah, plus au nord. Elle inquiète aussi les Etats-Unis, premier soutien d’Israël, qui continuent d’espérer qu’une trêve puisse être décrétée durant le ramadan, qui devrait débuter le 10 ou 11 mars.
Les discussions se sont intensifiées ces derniers jours, que ce soit vendredi à Paris ou depuis dimanche à Doha, au Qatar, qui se charge de la médiation, et en Egypte. Elles se basent sur un projet élaboré le 28 janvier à Paris par le directeur de la CIA William Burns, des négociateurs des services de renseignement israélien et égyptien, et le Premier ministre qatari Mohammed ben Abderrahmane al-Thani. Le principe est d’instaurer un cessez-le-feu temporaire pour libérer les otages détenus par le Hamas (environ 130, dont 31 seraient morts, sur les 250 initiaux) en échange de prisonniers palestiniens.

👉 Plus d'infos dans l'appli Libé

✍ Luc Mathieu

✏ @cocoboer

mercredi 28 février 2024

Le portrait d'Olivia Ruiz

 

Loquace et hypersensible, la chanteuse @oliviaruizofficiel se révèle soucieuse des combats de son temps.
Mais n’allez pas lui dire qu’elle est engagée ou elle froncera les sourcils et plantera ses grands yeux noirs dans les vôtres, corrigeant : «J’ai du mal avec ce mot, qui sous-entend d’être à 100 %, 24 heures sur 24. Je crois que je cherche juste du sens, tout le temps.» Autodiagnostic : «Il y a une phrase de Flaubert qui me définit tellement bien : “Ce qui érafle les autres me déchire.”» A se demander si Olivia Ruiz n’aspire pas malgré elle à colmater comme elle peut les fêlures du monde, laissant poindre dans une finesse volubile les causes qui la font vibrer.
Lire le portrait sur l'appli Libé.
✍️ Virginie Ballet


📸 @___laurastevens___ / Modds

La une de Libération du jeudi 29 février 2024


 Gaza : 30 000 morts

C'est la une de Libération ce jeudi

Dune d'Alejandro Jodorowsky

 

Dune, d'Alejandro Jodorowsky devait être le film du siècle, par son budget pharaonique et son casting fantastique, brassant Alain Delon, Mick Jagger, Orson Welles, Salvador Dali…
Le docu qui retrace son projet fou est visible sur la chaîne YouTube d’@ARTEfr, à la veille de la sortie du deuxième volet de l’adaptation du roman de #FrankHerbert par Denis Villeneuve.
« Mon ambition pour "Dune" était énorme. Il ne s'agissait pas de faire un film mais un objet sacré, libre, ouvrant des nouvelles perspectives. »
En quelques semaines, enfermés dans un château, Jodo et #Moebius accouchent d'un storyboard de plus de trois cents pages. Chaque jour, le Chilien raconte ses rêves à Moebius qui les dessine, à une vitesse surhumaine. Gros plan, travelling : Jodo dirige son scribe comme sur un plateau, qui invente aussi les costumes, les décors.
En 1977, au bout de quatre ans de travail, et après avoir réuni un improbable gotha, #Jodorowsky et Seydoux partent à Hollywood avec leur énorme storyboard en couleurs sous le bras pour boucler leur budget qui s'élève désormais à quinze millions de dollars. Ils n'en ont que dix et déposent leur grimoire dans tous les studios pour espérer réunir les cinq millions manquants.
Effarés par la somme de travail mais effrayés par la personnalité réputée incontrôlable du réalisateur, les moguls de MGM, Paramount et autres, déclinent tous la proposition. Trop ambigu, trop métaphysique, trop génial, trop long — le film devait faire six heures minimum, Jodo ayant une préférence pour une version de douze heures...
Même inachevé, Dune irriguera tous les films de science fiction qui sortiront des studios dans les décennies 70 et 80, à commencer par #StarWars ou #BladeRunner. Moebius, O'Bannon, Fross et Giger se retrouveront une paire d'années plus tard au générique d'#Alien où ils recycleront la plupart de leurs inventions.
De son côté, Jodorowsky, profondément vexé, abandonnera provisoirement le cinéma pour se consacrer à la bande dessinée.

📷 Alejandro Jodorowsky, Moebius et un ami masqué, à l'époque de leur collaboration. / Courtesy Sony Pictures Classics


La Grèce commémore la catastrophe ferroviaire de Tempé

 

La Grèce, en partie en grève, commémore la catastrophe ferroviaire la plus meurtrière de son histoire il y a un an, alors que pleuvent les accusations de dissimulation des responsabilités.
Ni trains, ni métros, ni taxis, ni ferries: les transports sont quasiment à l'arrêt en Grèce depuis minuit et pour 24 heures.
Les familles et proches des victimes doivent quant à elles se recueillir en milieu de journée sur les lieux de la collision ferroviaire, à Tempé, proche de la ville de Larissa, à 350 km au nord de la capitale.
C'est dans cette vallée que le 28 février 2023, à 23h21, un train transportant plus de 350 personnes a heurté frontalement un convoi de marchandises. Cinquante-sept personnes sont tuées, pour beaucoup des jeunes qui rentraient dans la ville universitaire de Thessalonique (nord) après les festivités du carnaval.
Durant les 19 minutes qui ont précédé l'accident, les deux trains ont circulé sur la même voie sans qu'aucun système d'alarme ne soit déclenché.
L'émoi suscité par la catastrophe est immense, tout comme la colère des Grecs qui accusent les responsables politiques, au premier rang desquels le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, d'incurie.
Des dizaines de milliers de personnes descendent dans les rues à la suite du drame. La foule gronde "assassins" et asperge de peinture rouge sang la façade de la société des chemins de fer, Hellenic Train.
Le chef de gare en poste à Larissa ce soir-là est arrêté et admet des erreurs. Mais très vite, de graves négligences dans la gestion d'un réseau ferré vétuste sont mises à jour.
Un an plus tard, l'enquête judiciaire n'a progressé qu'avec lenteur. Des proches de victimes ont mandaté leurs propres experts, assurant que les enquêteurs avaient négligé des preuves importantes.
Étrillé pour sa gestion jugée calamiteuse de la catastrophe, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avait demandé un "grand pardon" aux Grecs et promis il y a un an que cette tragédie ferait l'objet d'une enquête "approfondie" #AFP

📸 Angelos TZORTZINIS

Charles Caudrelier remporte la course autour du monde en trimaran

 

Après 50 jours en mer et plus de 28.000 milles (51.000 km) parcourus sur les mers du globe, Charles Caudrelier a passé mardi la ligne d'arrivée de l'Ultim Challenge à Brest (Ouest de la France), remportant la première course autour du monde en solitaire en trimaran.
A 08h37, accompagné par un magnifique lever de soleil et de nombreux bateaux venus le féliciter, il a écrit une nouvelle page de l'histoire de la navigation. "C’est un grand moment pour nous tous, pour l’équipe, pour Charles, pour notre armateur", s'est félicité mardi Cyril Dardashti, directeur général de l'écurie Gitana.
Le Finistérien, père de deux enfants et déjà vainqueur de la prestigieuse Route du Rhum en 2022, a réalisé un quasi sans faute autour du monde à bord de son Maxi Edmond de Rothschild, malgré les conditions météorologiques difficiles rencontrées sur son parcours.
"Il a été monstrueux depuis le début de cette course. On n’en doutait pas. Il a fait quelque chose d’incroyable. Il montre à ses pairs qu’il est un grand marin", a souligné Dardashti.
Le skipper - qui a fêté ses 50 ans lundi - a coupé la ligne, 50 jours 19 heures 7 minutes et 42 secondes après être parti de Bretagne, environ huit jours de plus seulement que le record détenu par François Gabart depuis 2017 (42 jours 16 heures 40 minutes 35 secondes), réalisé contre la montre et non en course.

Pendant son périple, Caudrelier a gardé à distance les meilleurs marins en solitaire : Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), victime de nombreuses avaries, Thomas Coville (Sodebo) et ses huit tours du monde, Anthony Marchand (Actual) ou encore Eric Péron (Adagio).
Tous sont partis à bord d'Ultim, les plus grands multicoques de course du monde, mesurant 32 mètres de long par 23 de large, capable de filer sur l'eau à des vitesses folles.
"C'est bizarre, mais j'ai eu l'impression de devenir une machine, un robot connecté à la performance, une espèce de tueur qui ne lâche pas un mille nautique", a raconté Caudrelier, "totalement relié" à son bateau 

#AFP
📷
Fred TANNEAU

mardi 27 février 2024

Les jeunes sont désormais plus touchés par les pensées suicidaires

 

Crise écologique, guerres, risques sanitaires, manque de perspectives… « Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les discours de “désespérance” et les messages fatalistes ont des conséquences, à un âge où on se construit », rapporte Charles-Edouard Notredame, psychiatre au centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille, qui coordonne la ligne d’écoute nationale 3114 de prévention du suicide.
Dans la bouche des médecins, psychiatres et pédopsychiatres, en première ligne face à la souffrance des adolescents et des jeunes adultes, un constat revient : le contexte anxiogène, s’il est loin d’expliquer à lui seul le mal-être d’une frange de la jeunesse, pèse sur les esprits. Mais c’est un enchevêtrement de facteurs qui mène certains jeunes jusqu’aux « idées noires » ou à la tentative de suicide. Des jeunes, semble-t-il, de plus en plus nombreux : c’est la tendance dessinée par le baromètre sur le sujet rendu public, le 6 février, par Santé publique France.
Cette enquête, déclarative, menée en 2021 – l’an II de la crise sanitaire liée au Covid-19 – auprès d’un échantillon de près de 30 000 personnes de 18 à 85 ans, a mis un coup de projecteur sur la détérioration de la santé mentale des 18-24 ans : les pensées suicidaires déclarées ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 dans cette tranche d’âge, passant de 3,3 % à 7,2 %. Une évolution d’autant plus marquante que les données pour les autres classes d’âge tendent à stagner, avec une prévalence de 4,2 % pour l’ensemble des répondants.

Illustration : SÉVERIN MILLET

L'école sous pression de la droite et l'extrème-droite

 

La principale du collège Jules-Ferry de Tours, Catherine Polito, se dit encore « surprise » de la tempête qu’elle a dû affronter ces dernières semaines. Comme chaque année, le collège prévoit début février un temps d’échanges de deux heures sur la « vie affective et les relations filles-garçons » pour les quatre classes de 3e de l’établissement. L’infirmière scolaire est accompagnée pendant ces séances de membres du personnel de santé de la PMI (protection maternelle et infantile) d’Indre-et-Loire. Leur intervention s’appuie sur une exposition itinérante, conçue par le département en 2011 et intitulée « 2XY », qui aborde les différents aspects de la vie affective et sexuelle : l’anatomie du corps, le respect, le consentement…
Après avoir pris connaissance de l’exposition, les élèves déposent leurs questions écrites sur ces différents sujets de manière anonyme et les intervenants y répondent. « Un classique » de l’éducation à la sexualité, selon la principale, qui juge ces séances « essentielles » pour « protéger les élèves des conduites à risques » et « promouvoir l’égalité filles-garçons », conformément à une circulaire de 2018 qui précise les objectifs de l’éducation à la sexualité dans le cadre scolaire. Depuis 2001, une loi a rendu obligatoires trois séances annuelles, du CP à la terminale. Dans les faits, une minorité d’élèves bénéficie de l’ensemble de ces séances.
Tout aurait dû s’arrêter là au collège Jules-Ferry de Tours. Mais, lundi 5 février, la principale est prévenue que cette intervention est désignée à la vindicte populaire sur les réseaux sociaux par l’association Parents en colère, réputée proche des sphères complotistes et de l’extrême droite. « Alertée » par une mère d’élève, l’association met en avant une séance qui aurait évoqué la « masturbation des bébés »...

Illustration : colcanopa

Gabriel Attal veut encore durcir les règles de l'assurance chômage

 

L’exécutif continue de préparer l’opinion à un nouveau durcissement des règles de l’assurance-chômage. Dans Le Journal du dimanche du 25 février, Gabriel Attal apporte des précisions sur les pistes qui sont à l’étude. La durée d’indemnisation « peut encore » être réduite et « on peut aussi accentuer la dégressivité des allocations », affirme le premier ministre. Rien ne semble arbitré, à ce stade, puisque de telles idées ont vocation à être soumises à des « discussions », dit-il, mais le locataire de Matignon affiche la volonté d’aller vite sur ce dossier. M. Attal a distillé ces confidences en marge d’un déplacement en Charente-Maritime, le 23 février. Ses propos convergent avec ceux tenus, depuis l’automne 2023, par d’autres représentants du pouvoir en place. A plusieurs reprises, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a martelé qu’il fallait diminuer la durée de versement de la prestation aux demandeurs d’emploi de plus de 55 ans, afin qu’elle soit alignée sur celle des autres chômeurs. Le 16 janvier, lors de sa conférence de presse à l’Elysée, Emmanuel Macron a exprimé le souhait d’introduire des dispositions « plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées ». Enfin, le 30 janvier, pendant sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, M. Attal a tenu à prévenir les syndicats et le patronat, qui cogèrent l’assurance-chômage par le biais de l’Unédic : si la trajectoire financière du régime « dévie », il demandera aux partenaires sociaux de rouvrir la réflexion « sur la base d’une nouvelle lettre de cadrage » gouvernementale, dont la finalité serait d’« inciter toujours plus à la reprise du travail, sans tabou ». L’intervention du premier ministre a provoqué de l’étonnement car les organisations de salariés et d’employeurs ont récemment conclu un accord retouchant les règles du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi.

Photo : Gabriel Attal au deuxième jour du 60e Salon international de l’agriculture, le 25 février 2024. DIMITAR DILKOFF / AFP

Manu Payet au théâtre de la Madeleine avec Emmanuel 2

  « Au fond, je suis fait pour raconter des histoires. » Alors il raconte,  @manupayet Avec précision et générosité. Son enfance à La Réunio...