Un jeune homme est assis à même le macadam. Ses cheveux sont trempés de sueur, ses muscles tendus. Dans sa main droite, cachée dans un emballage de papier kraft, une brique de lait. Le liquide vole dans les airs, dessinant une drôle de forme. L’image ressemble à une photo volée, signée par un street photographer, ceux qui vadrouillent dans les villes à la recherche du cadrage parfait. Sauf que ce cliché, Milk, datant de 1984, n’a rien d’improvisé. Son auteur, le photographe canadien Jeff Wall, l’a mis en scène au détail près : pose du modèle, mouvement du bras qui lance le lait en l’air, humidité des cheveux…
La photographie est sans doute l’une des plus connues de la carrière de l’artiste, né en 1946, qui n’a cessé, avec ses images nettes, précises, de brouiller les registres. Documentaire ? fiction ? Les deux ou bien aucun des deux. Le trouble naît devant chacun de ses clichés, dont une cinquantaine sont exposés du 28 janvier au 21 avril à la Fondation Beyeler, près de Bâle, en Suisse, et dont une sélection sera présentée chaque semaine dans M Le magazine du Monde, jusqu’au mois d’avril.
La question n’est pas seulement : que voit-on ?, mais : que regarde-t-on ? Une image fixe ou bien la capture d’écran d’un film ? Une photographie ou bien une sculpture, de nombreux clichés étant présentés sur des caissons lumineux ? Premier degré ou ironie ? A chaque fois, pas de réponse certaine. Pas plus que chez les grands maîtres de l’histoire de l’art, ceux que Jeff Wall a étudiés inlassablement au Canada ou à Londres, notamment au célèbre Courtauld Institute, et qu’il a abondamment décrits dans de nombreux essais.
Photos : Jeff Wall.
(Extraits articles de presse) Libération, le Monde, le Figaro, L'Equipe, Télérama, Première, AFP, Reuters, AP News
dimanche 4 février 2024
Les photos mystérieuses de Jeff Wall
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