« Quand l’eau est couleur marron comme ça, qu’en pensez-vous ? »
Sous le soleil brûlant de Mamoudzou, Racha Mousdikoudine, coordinatrice du collectif Mayotte a soif, désigne une bouteille d’eau trouble du robinet, brandie à bout de bras par une manifestante en boubou. Comme un symbole de l’exaspération déclenchée par cette crise de l’eau. Ce mercredi 27 septembre au matin, un peu plus de 400 personnes sont rassemblées, place de la République, à l’appel de plusieurs collectifs et syndicats. Le signe qu’un mélange de colères encore contenues commence à se cristalliser dans ce département français d’outre-mer, situé dans l’océan Indien.
Il y a, bien sûr, les coupures d’eau deux jours sur trois dans la plupart des dix-sept communes avec des quartiers qui ne sont plus alimentés en raison du manque de pression dans le réseau. Mais aussi le prix exorbitant du pack de six bouteilles d’eau, compris entre 5 et 10 euros, dans un département où 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.
S’ajoutent d’autres sujets de tensions sourdes, comme la défiance à l’égard des analyses de potabilité de l’agence régionale de santé, à 95 % conformes, mais avec la recommandation de faire bouillir l’eau « par précaution ». Et encore ce sentiment d’être délaissés par l’Etat parce qu’une telle situation ne serait pas possible dans un autre département français. « A Versailles, ça coule à flots ; à Mayotte, on manque d’eau », a écrit d’ailleurs sur son panneau en carton une jeune manifestante. Référence au luxueux repas organisé par l’Elysée, le 20 septembre au château de Versailles, lors de la visite du roi d’Angleterre Charles III.
Photo : Lors d’une manifestation pour dénoncer la pénurie d’eau, à Mamoudzou, le 9 septembre 2023. LEMOR/ABC/ANDIA.FR
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre passage