Le mot est lâché.
Pour la première fois dans l’histoire, un président de la République (le quatrième à s’exprimer dans cette enceinte depuis sa création en 1982) a prononcé le mot « autonomie » devant l’Assemblée de Corse. « Ayons l’audace de bâtir une autonomie à la Corse dans la République, a lancé Emmanuel Macron, jeudi 28 septembre, à Ajaccio, aux 63 élus de la collectivité insulaire. Ce ne sera pas une autonomie contre l’Etat, ni une autonomie sans l’Etat, mais une autonomie pour la Corse et dans la République. »
En deux phrases et au bout de vingt-cinq minutes d’un discours qui en a compté une quarantaine, le chef de l’Etat a brisé un tabou vieux de près de cinquante ans. « Je suis favorable à ce qu’une nouvelle étape soit franchie », avait-il avancé quelques instants auparavant. « Pour ancrer pleinement la Corse dans la République et reconnaître sa singularité, nous devons avancer et il faut pour cela l’entrée de la Corse dans notre Constitution, s’est-il prononcé. C’est votre souhait, je le partage et je le fais mien car je respecte et je reconnais l’histoire, la culture, les spécificités corses dans la République. »
Il y a de la solennité dans l’air. Les anciens présidents de l’Assemblée de Corse, le gaulliste Camille de Rocca Serra et le communiste Dominique Bucchini, sont installés parmi les invités. C’est que l’heure est, sinon grave, en tout cas importante.
Photo : Emmanuel Macron est accueilli par la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, et par le président du conseil exécutif de Corse, à Ajaccio, le 28 septembre 2023.