Mort en 2009 à l’âge de 61 ans, Alain Bashung laisse un vide incomblé dans le paysage de la chanson rock française. Son statut posthume est tel que, depuis sa disparition, trois intégrales (toutes incomplètes) ont été publiées, accompagnées de compilations et de curiosités allant d’un concert capté à Troyes en 1981 à sa relecture de L’Homme à tête de chou, de Serge Gainsbourg. Plus récemment, en mars, une interprète inattendue, Stetson sur la tête, s’est attelée à onze reprises de son répertoire, avec l’album Les Chevaux du plaisir. Il s’agit de la Québécoise Isabelle Boulay, qui se prête de manière sage et lisse à l’exercice.
Le chanteur n’échappe pas au destin de ces écrivains dont on vide les tiroirs pour publier les ébauches ou les correspondances. Il y eut ainsi, en 2018, En amont, recueil de maquettes écartées du dernier album paru de son vivant, Bleu pétrole (2008), et finalisées par la collaboratrice Edith Fambuena. Plus problématique est aujourd’hui la réédition pour la première fois de la vingtaine de chansons que Baschung (avec le « c » de son état civil, qu’il fera tomber en cours de route) avait publiées de 1966 à 1975, sous forme de 45-tours vinyles. Une décennie de tâtonnements, sinon d’errements, qu’il avait reniée, au point de s’opposer fermement à toute exhumation. La dernière épouse, Chloé Mons, a passé outre cette volonté, en justifiant ainsi cette initiative : « Quand un artiste disparaît, la perception de son œuvre change radicalement. D’un seul coup, tout devient intéressant, car il s’agit de comprendre un parcours. »
Photo : Alain Bashung, devant un manège, en 1967.
CLAUDE DELORME
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