Juliette Armanet

 

A l’aube de ses 40 ans, @juliettearmanet ne fait pas que chanter l’amour. 

Enfin, elle s’apprécie. Et ça se voit. Longtemps, ça n’a pas été le cas, elle se cachait sous des couches de vêtements trop amples. Elle confie : «Vieillir est une source de bonheur.» Ce n’était pas écrit. La trentaine venue, à l’âge où certains artistes ont carrière faite, la Nordiste d’origine ayant grandi dans les Yvelines avec deux frères était journaliste, bossait pour des boîtes de prod, participait à des docs sur Arte et sur TF1. C’était une jolie vie, ce n’était pas complètement la sienne. A côté, elle chantait, composait, se cherchait encore après un passage vers le cabaret, jouissait d’un modeste succès auprès de ses proches. «J’ai pas eu de flair du tout, se souvient en souriant son amie et ex-collègue Marie Juteau. Elle écrivait très bien, était très piquante, drôle, originale, mais on avait de longues discussions pour savoir si elle devait continuer et je n’y croyais pas.»

Armanet ne lâche pas l’affaire. Un, parce qu’elle s’appelle Juliette, c’est sa destinée de chanter l’amour (et Roméo, vous voyez. Elle le dit sérieusement). Deux, parce qu’elle a vu toute sa vie ses parents changer, passer d’un métier à l’autre, de libraires (où la jeune fille a percé le plaisir des contes et de conter) à compositeurs défendant les migrants. Pas de routine, que des aventures.

Le succès de «l’Amour en solitaire», écrit après une rupture (forcément) est un basculement. La suite est connue, la naissance d’un enfant alors qu’elle pensait ne pas pouvoir en avoir, deux albums salués presque unanimement, un succès croissant et même une capacité à faire pleurer pendant plusieurs jours ces grands émotifs que sont la droite et l’extrême droite pour des propos bien inoffensifs sur Michel Sardou (ah, vous l’attendiez!). Sur cette triste polémique de l’été, elle ne revient pas, encore marquée. Elle se ressert un verre d’eau pour éviter de fondre devant nous et remercie «Michel» d’y avoir mis fin. Elle lui a écrit un email pour s’excuser.

👉 L'intégralité du portrait par Quentin Girard est à lire dans l'appli Libé

📷 @lesjouesrouges