Combien faut-il de livres pour amener un écrivain, une écrivaine, au faîte de sa maîtrise ? Il y a les milliers de textes lus, bien sûr, et ceux qui constituent sa propre bibliographie. Fabriquer une femme est le vingtième que Marie Darrieussecq publie chez P.O.L depuis Truismes (1996). Un chiffre rond pour un roman dont l’écrivaine reconnaît qu’il n’est « pas loin du bilan ». On y retrouve Rose et Solange, amies depuis l’enfance, héroïnes de La Mer à l’envers (2019) pour l’une, de Clèves (2011) et Il faut beaucoup aimer les hommes (2013) pour l’autre. A partir de leurs 15 ans, l’histoire est racontée du point de vue de la première puis de la seconde, chacune incarnant la construction d’un certain type de destin féminin, « avec un petit côté Jane Austen », explique en souriant Marie Darrieussecq au « Monde des livres ». L’autrice confie avoir équitablement distribué des éléments de son autobiographie entre Rose, « la bonne élève » (née dans un milieu plus bourgeois que sa copine, elle poursuit des études, se marie et fait des enfants à l’âge attendu avec son amour de jeunesse), et Solange, « plus punk » (le roman s’ouvre avec la découverte de sa grossesse, en classe de seconde). Tout au long du livre, on retrouve thématiques, obsessions et interrogations qui courent à travers son œuvre, dont de nombreuses études universitaires se font l’écho, renseignant Marie Darrieussecq sur son propre travail. L’autrice du Pays (2006) nous escorte obligeamment dans une promenade en ses contrées littéraires avec quatre arrêts pour admirer la vue.
Photo : L’écrivaine Marie Darrieussecq, à Paris, le 7 octobre 2021.
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