jeudi 18 janvier 2024

Emma Stone est hydre comme l'air

 

Il faut dire que ce n’était pas gagné. D’ordinaire allergique au style Lánthimos (surtout depuis que le cinéaste grec est passé du côté hollywoodien de la force), bâti sur des grands-angles cauchemardesques, des personnages grotesques et une morale souvent misanthrope à peu de frais, on venait observer ces Pauvres Créatures sans y croire beaucoup, d’autant que le pitch était à l’avenant : soit la résurrection par un savant fou d’une femme-enfant qui cache dans sa tête le cerveau de son enfant à naître. Diablement tarabiscoté, ce point de départ sera celui d’un conte gothique qui voit Emma Stone évoluer à vitesse grand V, passant de bébé babillant à jeune fille totalement imperméable aux diktats de son temps, balancée dans un monde extraordinaire pullulant de tentations et de dangers.
Commencé dans une ambiance sépulcrale, un noir et blanc qui chez Lánthimos n’annonce pas la sobriété mais fonctionne davantage comme une surcouche de sophistication, le film est d’emblée porté par une tendresse sans arrière-pensées à laquelle on ne s’attendait pas. Fortement prothésé, Willem Dafoe incarne un Frankenstein lui-même atteint par de nombreux rafistolages, curieusement mélancolique et enclin à un amour filial qui le conduit à accepter de libérer sa jeune créature. De son côté, Bella s’extirpe in extremis d’un mariage de raison et part explorer le monde à grandes enjambées optimistes et réaliser une sorte de trip psychédélique qui fera office de voyage d’apprentissage.
Une fois l’argument de départ digéré, le film se déploie sur une ligne finalement assez simple et unique, contenant le gloubi-boulga théorique inhérent à l’exercice à son minimum. Sorte de Candide de la condition féminine, Bella garde la fraîcheur de son âme d’enfant et se fiche du qu’en-dira-t-on, elle mange trop, elle exprime tout ce qui lui passe par la tête et, surtout, elle adore le sexe.

👉 L'article de Laura Tuillier est à lire en intégralité dans l'appli Libé


📷 Yorgos Lanthimos

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