Rencontre avec @eddydepretto sous forme de question existentielle. Comment peut-on éprouver de la sympathie alors qu’on pensait détester l’artiste et sa musique ? Extrait du portrait :
On lui serre la main après lui avoir chié sur la tête. Drôle de moment dans les bureaux immaculés d’une agence de promo parisienne, peu avant Noël. Au mur, rien d’autre que quelques disques d’or et de platine d’Angèle, MHD et autres gros vendeurs plus ou moins fréquentables. Sur le canapé anthracite purement fonctionnel, rivalisant d’austérité avec ce meuble sans âme, Eddy de Pretto. On a été tout sauf tendre, par le passé, avec ce chanteur qui, au-delà même de son vibrato de guinguette discutable, incarnait à nos yeux tout ce que l’industrie pop peut avoir d’horripilant dans sa fabrication de personnages dessinés en hashtags (Barbara + banlieue + Edouard Louis) et vendus clé en main avec leur petit pschitt de subversion à se vaporiser derrière les oreilles pour ressentir un frisson (sans danger pour les enfants).
Mais alors que fout-on là au juste ? A la tombée de l’année 2023, Crash cœur a surgi comme une corvée (qui va se taper le nouveau de Pretto ?) et, étonnamment, on a commencé par trouver ce troisième album passable, puis franchement correct voire parfois plaisant. On a tout remis en question. Est-ce Eddy qui a changé ? Le monde autour de lui ? Nous qui nous ramollissons irrémédiablement ? L’esprit critique s’émousse-t-il sous les geysers de mainstream tiède dont ce travail implique la consommation ? Est-il temps de se reconvertir ? Des chèvres nous attendent dans le Tarn, mais peut-être faut-il rencontrer Eddy avant de partir.
✍️ @miraclecacao
📸 @martincolombet
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