mercredi 31 janvier 2024

En Cisjordanie l'autre guerre menée par Israël

 

Les soldats et les colonnes de véhicules de l’armée israélienne viennent à peine de se retirer de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Dans le camp de réfugiés de Nour Shams, à l’est de la ville, chacun s’affaire dans les ruines encore fumantes. Armé d’une petite visseuse, Hussein Moussa Alajma se tient en équilibre sur les éboulis noircis qui ont remplacé la maisonnette où se trouvaient son magasin de téléphonie, au rez-de-chaussée, et l’appartement, au premier étage, où vivait son père impotent, âgé de 90 ans. Le bâtiment, qui donne sur une placette, a été détruit et a pris feu ou a été incendié dans l’opération. Il tâche d’en sauver ce qu’il peut, dévissant avec minutie une structure de fer pour la dégager de montants de béton brisés. Cela pourra toujours resservir.
En cette fin d’un mois de janvier de pluie et de boue, les soldats israéliens – un millier selon des sources locales – ont été déployés pour une nouvelle opération qui a duré près de trois jours. Il y a eu des combats, des tirs dans les deux camps de réfugiés de Tulkarem. Avec Jénine et Naplouse, ce sont les trois villes principales où, continuellement, des opérations sont menées pour arrêter ou éliminer des combattants de groupes armés clandestins, détruire des stocks d’armes ou des laboratoires de fabrication d’explosifs, avec violences et bavures à la clé. Loin de Gaza se mène ici un autre conflit, d’une nature plus complexe, larvé mais permanent.
Depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas, le 7 octobre, des opérations similaires touchent presque chaque jour de nombreux points de Cisjordanie. Vingt-trois raids rien que pour Jénine. A Tulkarem, un par semaine en moyenne. Ce 19 janvier, on y a relevé neuf morts, et deux douzaines de maisons ont été détruites au bulldozer. A Nour Shams, les soldats ne sont restés qu’une poignée d’heures, mais un typhon semble s’être abattu sur les ruelles.

Photos : @lucien.lung / Riva Press #pourlemonde

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