mardi 17 septembre 2024

Le portrait de Sonia Devillers

 

Pile. @sonia.devillers irradie, sémillante et impériale. Elle parle avec un vocabulaire choisi, sa prononciation parfaite fait son charme. Face. Elle se dit écrasée par un surmoi tel que malgré dix ans d’analyse, elle s’interdit des tas de choses, à commencer par le plaisir. «Ça viendra plus tard», dit-elle sans y croire. Pile. Elle n’est pas mondaine, a gardé les mêmes amis depuis quarante ans malgré sa célébrité, se met au lit à 22 heures et travaille comme une dingue. Face. Terrorisée par ce portrait dans Libé qu’elle a pourtant désiré, elle nous appelle le lendemain de l’entretien en insistant point par point sur des sujets déjà évoqués la veille, en employant exactement les mêmes mots. Pile. Attachante. Face. Exigeante.

Sonia Devillers, par tous ces aspects, en impose. Bien que rompue à l’exercice de l’interview, se retrouver de l’autre côté du micro, de toute évidence, la flatte et l’embarrasse. Pour contourner le malaise, elle ne nous laisse pas en placer une. Pourtant les failles sont partout et elle les revendique, comme une invitation à fendre l’armure : «Je n’ai aucune mémoire des dates. Et j’ai une mauvaise orthographe. Et aucune notion des espaces. Je n’arrive pas à situer les pays à l’Est de l’Europe. Même la Roumanie, ce n’est pas évident pour moi.» Que ces loupés soient dus à son école primaire alternative, Decroly, à Saint-Mandé, où elle a «beaucoup appris à s’exprimer, mais où on n’a pas fait beaucoup de grammaire» ou à une histoire familiale trouble qu’elle raconte dans les Exportés, son livre paru en 2022, le résultat est le même : derrière la voix assurée se cache un monde plein de silences qu’elle n’a pas supportés. Une piste pour comprendre son amour pour l’oralité, au point d’en faire son métier ?

👉 L'intégralité du portrait par Marie-Eve Lacasse est à lire dans l'appli Libé

📷 @lucileboiron / @modds.photo

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