lundi 23 septembre 2024

Lucky Love sa réalité augmentée

 


Il a l’œil qui frise, le sourire malicieux. Il gigote sur son siège comme un gamin après une énième sottise. «Depuis la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, beaucoup de gens ont envie de me ken», badine-t-il, d’un air ribaud. Il veut jouer. On esquive, troublé. Ce crépuscule d’août aussi, place de la Concorde, le public a été piqué par @thisisluckylove. Il aurait dû se fondre dans ce tableau comme le personnage brumeux d’une toile impressionniste. Il n’en est rien : on ne voit que lui… Derrière ses lunettes noires, costume blanc Vuitton, il glisse sur la scène, tel un funambule sur son fil. Il abandonne son veston brodé. Son torse mouillé et cabossé, un bras en moins, ébranle la foule. Sa voix est caverneuse et mélancolique. Il arrache les quelque 10 millions de téléspectateurs à leur torpeur pantouflarde.
Si ce soir-là, Lucky Love est devenu une popstar, il n’a toutefois rien d’un inconnu. Il se baguenaude depuis un moment dans les milieux interlopes parisiens, défile pour des griffes de luxe, performe au cabaret Madame Arthur, foule les planches des théâtres subventionnés aux côtés de Joey Starr et Béatrice Dalle. Son morceau Masculinity cumule plusieurs millions d’écoutes. Il s’amuse de savoir qu’à Kyiv, où son tube cartonne, on peut même allumer sa clope avec un briquet à son effigie. Tard la nuit, sur Instagram, il reçoit des «cœurs» de l’icône britannique Sam Smith. La France mainstream le boudait encore il y a peu. Aujourd’hui, l’anonymat, c’est fini. Dans la rue, on le fixe. On lui tape la discute, «même les vieilles dames». En quelques heures, la Gaîté lyrique et la Cigale ont affiché complet et une tournée américaine est en préparation.
Un jour de 2013. «T’es cinégénique», lui lance Abdellatif Kechiche sur le tournage de la Vie d’Adèle. Il n’a que 19 ans et ne «pige rien au cinéma». Il préfère la littérature. Il doit encore un paquet de fric à ses grossistes en drogues qu’il compte bien rembourser avec ce petit boulot.

👉 L’intégralité du portrait par Yoann Duval est à lire dans l’appli Libé

📷 @dorianprost

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