lundi 26 août 2024

Madeleine Riffaud cent ans de résistance

 

Madeleine Riffaud a commencé à mener des actions pour la résistance dès 1941. Par conviction, d’abord : ses parents, instituteurs dans la Somme, sont de gauche. Elle ne supporte pas non plus l’attitude des occupants ; un coup de pied aux fesses d’un officier, alors qu’elle refuse les avances de ses hommes, agit comme un révélateur. Par amour, aussi : au sanatorium niché dans la montagne, à Saint-Hilaire-du-Touvet (Isère), où le directeur cache des médecins juifs sans qu’elle le sache, elle rencontre le jeune Marcel Gagliardi, qui devient ensuite son compagnon. Bien qu’il soit malade, elle réussit à le convaincre de s’engager dans la résistance intérieure française (RIF). En nom de guerre, elle choisit Rainer, pour Rainer Maria Rilke, poète allemand qu’elle admire. Elle transporte des plis, tague les murs, vole des armes. Chaque geste compte. Au fur et à mesure de son expérience et de l’arrestation de ses camarades, elle monte en grade, et rejoint en mars 1944 les FTP, fondés par le Parti communiste. Les alliés se rapprochent, le débarquement est imminent, et il est alors demandé aux petits groupes de mener des actions de plus en plus violentes, pour semer le doute et la terreur chez l’occupant. Madeleine Riffaud obéit. Dévastée par le massacre d’Oradour-sur-Glane, où elle allait enfant en vacances, et par la mort de son camarade Charles «Picpus» Martini, Rainer décide d’agir elle-même. Le 23 juillet, elle abat un soldat de l’armée d’occupation sur le pont de Solférino, en plein jour. De deux balles dans la tête. Ce jour-là, la vie de Madeleine Riffaud change à jamais.

Dans le lit de son appartement parisien, la dame âgée tire sur son cigarillo. La lumière rouge : «Le jour où j’ai tué un sous-officier allemand, je ne pensais à rien. Il fallait le faire, je l’ai fait.» Elle souffle : «On m’a dit : “Ce n’était pas à vous de le faire, c’était à vos hommes.” Mais mes hommes, j’en avais presque plus, et ceux qui restaient étaient démoralisés. J’étais face à moi-même.» Moment suspendu. «J’ai toujours assumé cet acte. J’essaye.» Un instant. «Ouais.»

👉 L'intégralité de l'article de Quentin Girard est à lire dans l'appli Libé

📷 @___laurastevens___

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