Alain Delon est mort vingt-quatre fois à l’écran, et toujours de manière violente Ce 18 août 2024, l’acteur, qui avait reçu une Palme d’or d’honneur au Festival de Cannes en mai 2019, a juste cessé de respirer, en fermant ses yeux bleu acier que l’âge, 88 ans, n’avait pas réussi à délaver.
Ses plus grandes compositions ont reposé sur la dualité. Après son tout premier film, « Quand la femme s’emmêle », d’Yves Allégret, en 1957, et un premier succès populaire auprès des adolescents de l’époque deux ans plus tard, dans « Faibles Femmes », de Michel Boisrond, le jeune orgueilleux se permet, déjà, un coup de force où il intervertit les rôles, dans « Plein Soleil » de René Clément.
Miroir, mon beau miroir ? Dans « Le Samouraï », en 1967, il s’y mire de longues minutes, pour arranger son chapeau, devant la caméra de Jean-Pierre Melville, ouvertement fasciné, amoureux de cet alter ego de solitude tellement plus beau et félin que lui. La rencontre est historique. Et puis il y eut ce rôle splendide, où il livrait une composition d’une subtilité rare, dans « Monsieur Klein », de Joseph Losey, en 1976.
Créature kafkaïenne, l'acteur peut aussi être proustien : il était incroyable en baron de Charlus, cet homosexuel fier et bafoué, qu’il avait accepté de jouer dans « Un amour de Swann », de Volker Schlöndorff, en hommage à Luchino Visconti.
Dès le début de sa carrière d’acteur, Delon a d’emblée placé la barre très haut. Ou de grands cinéastes l’ont placée pour lui. Après « Plein Soleil », « Rocco et ses frères » et « Le Guépard », Michelangelo Antonioni imagine l’acteur en tue-l’amour dans « L’Eclipse ».
Pour que le jeu en vaille la chandelle, il a besoin non seulement d’être dirigé par des grands, mais surtout d’avoir des partenaires qu’il peut admirer. Comme Gabin, son ami et unique concurrent, Jean-Paul Belmondo, ou encore Bourvil et Simone Signoret.
Toute sa vie, sur sa veste, Alain Delon aurait dû épingler les cinq lettres du mot « JANUS ». Le dieu à deux têtes des commencements et des fins, une face tournée sur le passé, l’autre vers l’avenir. Alain est mort, vive Delon.
Crédits : Sara Films - Adel Productions
(Extraits articles de presse) Libération, le Monde, le Figaro, L'Equipe, Télérama, Première, AFP, Reuters, AP News
dimanche 18 août 2024
Alain Delon icone éternelle du cinéma
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