L'or de la Franco-Algérienne Kaylia Nemour ou la plus grande frustration de la gym Française

 

C’est l’histoire de la plus grande frustration que la gymnastique française ait connue. Celle d’une athlète franco-algérienne d’un talent hors-norme qui rafle la médaille d’or aux barres asymétriques, mais pas pour l’Hexagone.
Devant un public qui a poussé des «oh» lors de cet enchaînement portant une figure à son nom, la jeune athlète qui s’entraîne à Avoine-Beaumont (Indre-et-Loire) a brandi son drapeau algérien, offrant à son deuxième pays la première médaille de gymnastique du continent africain.
Un journaliste chinois se tourne vers nous : «Pourquoi cette gymnaste n’est-elle pas aux couleurs françaises ?» Excellente question, cher confrère. Rembobinons le bras de fer qui oppose la Fédération française de gymnastique (FFG) et le club de la gymnaste depuis trois ans, teinté de coups bas et de violences psychologiques.
En septembre 2021, afin de fédérer les troupes en vue des JO, la FFG demande aux championnes du club, grand pourvoyeur de médailles, de venir s’entraîner à l’Insep (à Paris) ou à Saint-Etienne. Hors de question pour la jeune Kaylia Nemour, 14 ans, qui adore son quotidien dans le club d’Avoine. D’autant que la jeune fille souffre d’une ostéochondrite, une anomalie de la croissance de l’os et du cartilage. Après l’opération, son médecin lui dit qu’elle pourra reprendre la gymnastique. Celui de la FFG, quant à lui, interdit la championne de France d’entraînement, et par conséquent de compétition.
Victime collatérale du conflit entre la FFG et son club, Kaylia Nemour décide à l’été 2022 de prendre la nationalité algérienne de son père, tout en continuant à s’entraîner à Avoine. La Fédération internationale de gym accepte… et la FFG refuse. Il faudra une pétition, des pressions du club, de la famille, et même de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra sur la fédé pour que celle-ci accepte le changement de nationalité sportive.

«Parfois, la vie te réserve des virages», résume, poétique, son coach Marc Chirilcenco.

✍️ Julie Lassale-Slama
📷 Vincent Curutchet / KMSP via AFP