Que comprenez-vous de ce texte ? Qui est le personnage principal ? Que veut dire l’auteur ? Assise en cercle, une petite assemblée écoute avec attention la lecture d’un passage du Livre des jours, de l’écrivain égyptien Taha Hussein. Les mots émergent. Une consigne est ensuite donnée : « Composez, à la manière de l’auteur, une liste de sensations que vous percevez en ce moment, en ayant recours à des métaphores. » Ceux qui le souhaitent lisent leur texte, puis s’ensuit un temps d’échange. Un atelier d’écriture pour futurs romanciers ? Pas du tout ! Nous sommes à Bordeaux et ce soir de novembre, Isabelle Galichon, docteure en littérature comparée et chercheuse à l’Institut de médecine intégrative et complémentaire du centre hospitalier universitaire (CHU), anime un atelier de médecine narrative. Ils sont une vingtaine, en présentiel ou à distance : des soignants du CHU de Bordeaux et d’ailleurs (infirmiers, médecins, secrétaires médicales…), et pour la première fois ce jour-là, des chercheurs en sciences humaines et sociales. Le choix de l’autobiographie de Taha Hussein, frappé de cécité à l’âge de 3 ans, n’est pas anodin. Le thème de l’atelier est « la beauté du vulnérable ». De la narration en médecine ? Pour le néophyte, cela sonnerait presque comme un oxymore. Et pourtant… La médecine narrative ou médecine fondée sur le récit du patient est une discipline clinique et académique. Elle a officiellement vu le jour à l’université Columbia, à New York. Elle s’inscrit dans le cadre du développement des humanités médicales depuis les années 1970 aux Etats-Unis.
Illustration : Stefania Infante
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