Une clinique, sur les rives du Selenter See, le grand lac près de la mer Baltique ? Le taxi de Kiel, capitale du Schleswig-Holstein, dans le nord de l’Allemagne, n’en a jamais entendu parler. Arrivé à destination, il vérifie l’adresse, puis montre du doigt un large complexe aux baies vitrées. En effet, rien ne laisse deviner une clinique.
Bureau d’accueil dans une cabine de plage et planning d’activités coloré. Balades à cheval, piscine intérieure et veillées autour du feu. On se croirait plutôt dans un village de vacances. Sauf que vous ne verrez pas de retraitées en goguette, ni de jeunes amoureux. Seulement des enfants, entourés de leurs mères et de quelques pères à la mine fatiguée. La Sécurité sociale allemande leur a prescrit trois semaines ici. Ce n’est pas un nouveau concept, mais la mise à jour d’un modèle remontant à l’après-guerre : les cures mère-enfant.
Leur fondatrice est Elly Heuss-Knapp (1881-1952), l’épouse du premier président de la République fédérale allemande, Theodor Heuss. En 1950, cette institutrice a créé une fondation pour « le rétablissement des mères allemandes » : le Müttergenesungswerk. « A l’époque, de nombreuses mères se débrouillaient seules car leur mari était mort à la guerre, avait été blessé ou fait prisonnier, relate Bastian Bammert, de Kur + Reha GmbH, un réseau de huit cliniques privées en Allemagne, dont celle du Selenter See. Les mères devaient reconstruire leur maison, s’occuper des enfants et assurer le revenu familial. Beaucoup d’entre elles étaient dénutries et épuisées. Elles risquaient de tomber malades. Cela aurait menacé la prise en charge des enfants et leur croissance. »
Illustration : Xavier Lissillour
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