mardi 16 juillet 2024

"Je préfère me donner la mort que d'aller à l'EHPAD"

 

Née au Canada, Nancy Huston est arrivée à Paris à l’âge de 20 ans, où elle a fait sa thèse sous la direction du philosophe et sémiologue Roland Barthes (1915-1980). Elle a publié de nombreux romans en anglais et en français. Aujourd’hui, âgée de 70 ans, elle revient sur ses engagements féministes, le rapport au temps, à son corps, et sur ces « sept décennies de réel » dont elle dispose désormais pour elle.

Comment envisagez-vous votre mort ?

Elle ne me fait pas peur. Pas du tout. Mais de façon générale, je l’ai remarqué depuis longtemps, les femmes ont moins peur de la mort que les hommes. C’est un thème sempiternel de la poésie masculine qu’on ne retrouve pas dans la poésie des femmes – avec des exceptions, bien sûr, dans les deux sens. Je n’ai particulièrement pas peur de la mort parce que je ne crois pas qu’il y a quelque chose après : je n’ai donc peur ni de l’enfer, ni d’être punie, ni d’avoir une mauvaise note. En somme, je n’ai pas peur d’être encore là « après », car on ne peut pas « être » morte : la mort, c’est la fin de l’être.
Il y a une phrase de [l’écrivain] Christian Bobin [1951-2022] qui a résonné en moi une fois pour toutes, il y a très longtemps. Il s’adresse dans un texte à sa jeune amie Ghislaine qui est décédée ; il lui dit : « Tu n’es pas dans ta mort. » Cela le rassurait de savoir qu’elle n’était pas quelque part de l’autre côté. On « n’est » pas mort. Ça, c’est magnifique, c’est très important. Beaucoup de mes proches – et aussi beaucoup d’artistes dont je me sens proche – étaient morts à mon âge. Donc, je m’habitue depuis un moment déjà à me dire que, oui, ça va arriver, que la mort n’est pas une question mais une évidence...

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Article : Valentine Faure
Photo : Nancy Huston chez elle, à Paris, le 29 mars 2024. @delphinechanet #pourlemonde

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