« Quand on commence, on n’est pas dix autour de la table.
Personne ne veut y aller, il n’y a que nous, les kamikazes. »
Loubna Méliane, 44 ans, remonte le temps depuis une immense salle de pause de la société de conseil Onepoint, où elle travaille en tant que leader égalité et pluralité.
Il y a vingt ans, le 8 mars 2003, elle est de cette poignée de filles qui rassemblent 30 000 personnes dans les rues de Paris, après une marche des femmes des quartiers contre les ghettos et pour l’égalité à travers la France.
Un succès impensable quelques mois plus tôt.
Les débats des féministes portent alors essentiellement sur la question de la parité en politique, introduite par une loi votée en 2000, sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.
Les débats des féministes portent alors essentiellement sur la question de la parité en politique, introduite par une loi votée en 2000, sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.
Alors présidente de la Fédération nationale des maisons des potes, une émanation de l’association SOS Racisme, Fadela Amara répète souvent que la parité, vue des quartiers, « c’est comme les soldes à Hermès : inaccessible ».
Pour elle, le féminisme a « oublié les filles des ghettos ».
Elle loue les valeurs de la République, de la laïcité, et pense, comme Malek Boutih, le président de SOS Racisme, que le problème des banlieues se réglera par les filles.
Avec ce dernier, elle entreprend de réunir un petit groupe de personnes issues de l’association antiraciste, de syndicats lycéens, du PS, qui va « rallumer la flamme du féminisme », dit Loubna Méliane.
Avec ce dernier, elle entreprend de réunir un petit groupe de personnes issues de l’association antiraciste, de syndicats lycéens, du PS, qui va « rallumer la flamme du féminisme », dit Loubna Méliane.
Le mot d’ordre, trouvé par Malek Boutih : « Ni putes ni soumises ».
Fadela Amara, née en 1964, y fait figure de « grande sœur », voire de « mère », selon les militantes.
Aujourd’hui, elles se considèrent comme « orphelines », toutes ont coupé les ponts avec elle.
Mais, parmi la dizaine de « kamikazes » des débuts, plusieurs continuent à se voir et à réfléchir à ce mouvement qui leur laisse à toutes un sentiment d’inachevé.
Photos : Cortège parisien de la marche des femmes des quartiers, le 8 mars 2003.
PHOTOPQR/LE PARISIEN /MAXPPP
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