Les fantasmes des autres nous laissent toujours un peu ignorants. Catherine Robbe-Grillet a souvent entretenu des dialogues de sourds avec des personnes qui ne comprenaient rien au sadomasochisme. Alain, qui allait devenir son époux, lui a annoncé la couleur dès le préambule, peu de temps après leur rencontre sur les marches d’un train pour Istanbul. L’étudiante avait 21 ans et en paraissait 12. Le futur écrivain avait 29 ans. Il a flairé chez elle un terrain propice. Elle lui a prêté une oreille complaisante et consentante. La suite de l’histoire, la doyenne des libertines l’a racontée dans six livres. Cette fascination liée au déplacement des désirs et aux faux anonymats pourrait inspirer une collection narrant les aventures de Catherine RG. Cela s’intitulerait : «Catherine au couvent», «Catherine, la petite soumise», «Catherine et le Miracle du Saint-Sébastien», «Catherine, l’ordonnatrice des cérémoniaux»…
Selon cette observatrice chevronnée, il est illusoire de penser que les hommes et les femmes ont des besoins égaux. «On peut dire tout de même que ceux des premiers se manifestent beaucoup plus !» La question du coït l’intéresse peu en regard de celle de l’égalité des plaisirs : «Pour que le plaisir de l’autre soit provisoirement en votre pouvoir, il faut qu’il y ait une réciprocité. Si ça vous fait plaisir, cela fait plaisir à l’autre aussi. S’il y a un refus, mon plaisir s’arrête aussitôt.» La jouisseuse ne fréquente plus les clubs à cause de sa vue. La dernière fois, c’était à New York, en 2016. «C’était morne.» De retour en France, elle avait prévenu ses amis :
«Chez nous, c’est encore vivant, profitez-en ! Cela ne va pas durer.»
Le portrait en intégralité est à lire dans l'appli Libé.
✍️ @sibylle_grandchamp
📸 @romixalizee
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