Il y a une soixantaine d’appartements, mais le nôtre est en sous-sol », explique la femme de ménage, 43 ans, les traits tirés.
Elle, son mari et ses deux enfants se sont installés il y a huit ans à Erenköy, quartier tranquille de la rive asiatique d’Istanbul. Mais depuis le double séisme qui a dévasté le sud-est de la Turquie, le 6 février (et qia fait 48 000 morts dans le pays selon le dernier bilan), Esra ne dort plus : « Je suis très angoissée. Je n’arrive à tenir qu’en prenant des antidépresseurs. Chaque soir, je dépose un verre d’eau et quelques biscuits au pied du lit de mes enfants au cas où [un nouveau séisme se produisait], car si l’immeuble s’effondre, nous serons les derniers secourus », poursuit-elle.
Son mari Hüseyin, assis à ses côtés, tire nerveusement sur sa cigarette et secoue la tête pour marquer son désaccord : comment espérer ressortir sain et sauf d’un tel sous-sol ?
Comme des millions de Turcs, Esra et Hüseyin ont été saisis d’effroi lorsqu’ils ont découvert les images de la catastrophe dans le sud-est du pays. Des images qui ont eu une résonance particulière à Istanbul.
Depuis le tremblement de terre d’Izmit en 1999, dont le bilan officiel s’est élevé à 17 480 victimes (en réalité, sans doute nettement plus), les sismologues du pays n’ont cessé d’alerter sur l’approche du « Big One » – un séisme de magnitude supérieure à 7 sur l’échelle de Richter au large d’Istanbul –, qui pourrait être le plus meurtrier de l’histoire du pays si des mesures d’ampleur de renforcement du bâti n’étaient pas prises à temps dans la mégapole.
Photo : Istanbul (Turquie), le 16 février 2022.
OZAN KOSE / AFP
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