mercredi 22 mars 2023

La Georgie prochainement dans l'Union européenne ?

 

La séquence vidéo dure quelques dizaines de secondes. 

On y voit une femme agiter le drapeau européen face au puissant jet d’un canon à eau. Elle est trempée et vacille, mais tient tête à la police, vite rejointe par d’autres manifestants venus faire bloc autour d’elle. Mardi 7 mars, à Tbilissi, aucune image n’incarnait mieux l’aspiration des Géorgiens à rejoindre l’Union européenne (UE), mais aussi leur rage contre le gouvernement, qui menaçait de réduire cet espoir à néant en adoptant son projet de loi sur les « agents de l’étranger ». Le texte, calqué sur une loi russe pour réduire au silence les voix critiques, prévoyait de désigner sous l’appellation infamante d’« agents de l’étranger » toute ONG ou média recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger, sous peine d’amendes.

Le geste de Nana Malachkhia, 47 ans, a été relayé en masse sur les réseaux sociaux et a fait d’elle un symbole dans son pays, mais aussi à l’étranger. Lorsqu’une délégation européenne est venue à Tbilissi, mardi, l’un de ses représentants, Lawrence Meredith, a dit « garder cette image en tête » plutôt que celle du drapeau européen brûlé devant le Parlement, le jour de sa visite, par un groupe prorusse d’extrême droite et ultra-minoritaire, Alt Info. L’événement a été qualifié d’« incident isolé ». En France, Emmanuel Macron a lui aussi mentionné la fameuse vidéo lors du sommet franco-britannique, le 10 mars. « Nous avons vu des images préoccupantes ces derniers jours : une femme portant le drapeau européen bousculée, pour ne pas dire plus. Tout cela ne peut nous laisser indifférents. » Sous la pression, le parti au pouvoir, Rêve géorgien, a finalement renoncé à son projet de loi le même jour.

Cette soudaine notoriété met Nana Malachkhia mal à l’aise. D’un naturel discret, cette fonctionnaire à la mairie de Tbilissi rejette l’étiquette d’« héroïne » que lui a accolée la presse géorgienne, et préfère saluer le courage de la population entière.


Photo : Nana Malaskhia, à Tbilisi, le 15 mars 2023.

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