Un cri. La place de la République, le coin de la contestation parisienne, celle qui réunit les fâchés, les énervés et les déçus après chaque défaite a crié très fort à 20 heures pétantes. Des voitures klaxonnent. Des bus aussi. Des centaines de personnes ont accueilli la double nouvelle en criant. La place de la République fête la défaite du Rassemblement national, mais aussi le score du Nouveau Front populaire. Des fumigènes. Gaëtan est un peu à l’écart. Le pif sur son téléphone, le regard ébahi. «Incroyable, c’est incroyable.» Un autre mot : «Le scénario est fou. Les fachos arrivent derrière tout le monde et la gauche est devant. C’est incroyable.»
Les voitures klaxonnent. Les scooters. Du bruit. Des applaudissements. Et toujours les mêmes phrases : «Je n’arrive pas à y croire.» Coralie reprend son souffle. «On n’était pas sous la menace ici, c’est vrai, dit-elle. Mais ça fait du bien de voir le pays résister quand c’est la merde.» Elle prend sa copine dans les bras : «Putain de sa mère, c’est trop beau. J’ai envie de chialer.»
La place se remplit. Les vendeurs de merguez ont senti le truc. Ils installent leurs stands. Des jeunes rêvent. Un petit brun demande à son voisin : «Tu vois qui Premier ministre ?» Les noms fusent : Tondelier, Ruffin, Guetté… Au fond de la place, à l’écart de la foule, quatre jeunes sont installés au sol. Les jambes croisées. Un skate-board en guise de table. Dès bières et des chips. Ils appellent ça le «pique-nique de la victoire».
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